J
'ai été particulièrement choqué par la dernière émission de Mots Croisés sur France2 dont le sujet était : "Alcool, santé contre lobby" et dont une grande partie était évidemment consacrée au vin. A cette Tribune (pour ne pas dire à ce Tribunal) Hervé Chabalier, auteur du Rapport sur la lutte contre l'alcoolisme, a tenu des propos sans modération sur les risques liés à la consommation du vin. Des propos étoffés de certitudes médicales ! Au fait, pourquoi ne pas avoir donné la parole à d'autres spécialistes de la médecine, et ils sont nombreux, qui ont un point de vue plus nuancé sur le vin ? Peur d'une confrontation ?
Il est vrai que parler du vin au travers de sa seule molécule d'alcool est assez réducteur. Si les abus de consommation sont à proscrire (comme les abus de consommation d'autres produits : le sucre, les graisses animales...), cela ne justifie en aucune manière de diaboliser le vin lui même en collant sur les étiquettes de ses bouteilles des slogans de mise en garde à boire ! Faut il encore rappeler le vieil adage qui dit que c'est la dose qui fait le poison ? Allons nous mettre sur tout aliment qui contient du sucre des étiquettes de mise en garde ? Et puis, sérieusement, si le vin était néfaste pour la santé, comment expliquer qu'il ait pu accompagner une civilisation deux fois millénaire qui lui a toujours rendu hommage ?
En réalité, ce qui est vraiment déplaisant c'est cette ambiguïté (voulue?) entre information et image d'un produit...ambiguïté encore plus hypocrite quand elle prend comme prétexte de vouloir déculpabiliser le vigneron par rapport au consommateur. Et je ne parle pas de l'impact de ces étiquettes, dites "informatives", sur le tourisme viticole français... Venez découvrir nos terroirs et ses produits dangereux ! Il est plus rassurant d'aller en Espagne où le vin est tout naturellement classé comme aliment.
Mais ce qui me dérange le plus dans les propositions entendues, c'est le côté sournois de cette mise en garde outrancière qui en prenant le consommateur en otage lui enlève toute responsabilité de choix de vie. Les régimes (non alimentaires, ceux là) qui prônent sans nuance et de façon exclusive ce qui est bon et ce qui est mauvais n'ont jamais fait le bonheur des hommes. Mettre le vin en "garde à boire", n'y a t il pas le risque de mettre demain vignerons et consommateur en "garde à vue" ?
Pierre Torrès - Expert Viticole
Auteur du livre : Vigneron, sois fier de l'être.
Cet article a été publié dans l'Indépendant, quotidien de Perpignan.
Le vin mis "en garde à boire"
Par Vitisphere Le 06 janvier 2006
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