Quel rôle pour le courtier de campagne dans les canaux de distribution du vin ?

a-t-il profession plus ancienne dans le commerce du vin ? Depuis le moyen âge (et peut-être avant), ils participent aux échanges de vin. Quel rôle jouent-ils dans le fonctionnement de ce que l'on appelle, d'un raccourci, le marché du vin ? Sont-ils efficaces ? Vont-ils disparaître sous les coups de boutoirs de la crise et des marchés électroniques ? Les courtiers de campagne sont les intermédiaires qui mettent en relation et aident les producteurs et les négociants à échanger sur le marché du vin en vrac. Ces intermédiaires, qui ne prennent pas possession des produits et ne sont pas mandatés (contrairement à des représentants) sont donc des catalyseurs de l'échange. Avec près de 60 % des volumes de VDT et VDP qui passent, en France, par leur intermédiaire, ils semblent encore être des agents essentiels de la coordination des échanges sur le marché du vrac. Néanmoins, le courtage apparaît comme une profession peu considérée, peu connue, et souffrant d'un manque de légitimité (renforcé par la crise actuelle) aux yeux des différents acteurs du secteur, producteurs comme négociants. Ils sont souvent considérés comme de simples instruments de mise en relation des offreurs et des demandeurs, leur rôle s'arrêtant là. Or, les différentes enquêtes réalisées auprès des professionnels de la filière montrent que les courtiers peuvent également intervenir dans le cadre de partenariats ou de relations de long terme entre les producteurs et les négociants. Ainsi, dans un contexte de crise et de remise en cause de l'organisation traditionnelle de la première mise en marché du vin qui se traduit par une volonté affichée de voir se développer les relations directes entre le vignoble et le négoce on peut s'interroger sur le rôle et l'efficacité de ces agents économiques. Pourquoi et dans quelles circonstances les autres acteurs du marché continuent-ils à faire appel à de tels intermédiaires ? Le chapitre 4 de BACCHUS 2006 analyse les raisons pour lesquelles les producteurs et les négociants peuvent avoir intérêt à continuer à passer par des intermédiaires comme les courtiers. L'étude de la profession de courtier en vins, de ses fonctions et de ses performances, permet d'expliquer la pérennité de ce métier. Nous montrons tout d'abord que, grâce à leur statut d'intermédiaires indépendants et à l'expertise qu'ils développent, les courtiers permettent une réduction des coûts associés aux échanges (coûts de collecte de l'information, de négociation, de contrôle et d'exécution). Puis nous analysons les facteurs qui poussent à la remise en cause, par les autres agents de la filière, de la légitimité des courtiers. Nous cherchons ensuite à expliquer la place que les courtiers peuvent occuper dans les relations de long terme entre producteurs et négociants. Enfin le chapitre conclut sur la thèse selon laquelle, tant que le marché du vrac conserve un certain degré d'atomicité, les courtiers conserveront une place importante dans la mise en œuvre des échanges.