ui a dit qu’être vigneron en Bourgogne était un long fleuve tranquille de valorisation annuelle des étiquettes ? Si le vignoble de Côte d’Or ne se plaint pas, les ventes se maintenant à des prix à faire rêver nombre d’opérateurs viticoles, il n’est pas à la fête non plus. Comme ailleurs, l’effet ciseau des petits rendements successifs (entre changements et aléas climatiques, mais aussi réduction de la palette phytosanitaire, fatigue du matériel végétal…) et des hausses des coûts de production (du prix des fermages à tous les consommables nécessaires à la production, en passant par la fiscalité et les investissements). Même les prix valorisés ne compensent pas ces déséquilibres, les marchés étant réfractaire à l’absorption des hausses de tarifs. Le dévissage des rentabilités se traduit par des tensions sur trésoreries qui peuvent aller jusqu’à des procédures collectives jusque-là rares dans la filière viticole en dehors des zones sous forte tension. Pas de flambant bourguignon, mais un bof bourguignon, alors que l’inquiétude monte et que de premiers redressements judiciaires alertent l’ensemble de la filière. Le ciel leur tombe sur la fête.
Ces difficultés démontrent que lorsque le sujet commercial n’est pas un problème vital pour un bassin viticole (la fin du mois qui pèse sur nombres de vignobles), l’inadaptation à la variabilité climatique ampute la productivité et handicape l’économie des exploitations (la fin du monde stable et prévisible climatiquement). De quoi affirmer le besoin d’un plan politique d’adaptation et d’anticipation de la filière vin, avec d'importants investissements techniques, d'impératives évolutions de l’outil assurantiel et inévitablement plus de solidarité au sein de la filière pour porter durablement des volumes et des prix valorisant tous les maillons de la chaîne du vin, du producteur au distributeur. En la matière, mieux vaut prévenir que ne pas pouvoir guérir. « Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures,
On pense en être quitte en accusant le sort ;
Bref, la fortune a toujours tort » écrivait la Fontaine.




