ancée par le cabinet En Territoire et menée en concertation avec les acteurs de la filière viticole, une étude sur les perspectives de la filière des vin bordelais sera rendue début 2026. En attendant, la chambre d’agriculture de la Gironde, avait invité nombre de viticulteurs et représentants de la filière pour une mise en bouche ce jeudi 27 novembre, dans les locaux de l’ADAR de Cadillac. Pour restaurer la rentabilité des exploitations, les premières propositions concrètes ont été exposées pour redonner de la dynamique à la filière.
Les enjeux sont nombreux : maîtriser la productivité et sécuriser les rendements, avec la relance de la fertilisation en diversifiant les apports, réviser les modes de conduite du vignoble, autoriser des densités plus basses, améliorer les mécanismes assurantiels, changer le matériel végétal (en explorant les cépages résistants, avec des évolutions dans les cahiers des charges et porte-greffes plus vigoureux). Autre enjeu autour de la viabilité économique des propriétés qui passe par la diversification des styles de vins, des gammes, (lever les freins au surgreffage, autoriser les mouillages pour les millésimes les plus chauds), mais aussi encourager la polyculture, faciliter les projets agroénergétiques, élargir les débouchés, consolider les circuits de proximité, concentrer l’export sur les marchés où Bordeaux peut défendre la qualité plutôt que le volume. Enfin attirer et fidéliser la main d’ouvre agricole.
« On connait tout ça et on pourrait dire oui à toutes ces mesures. Reste à les mettre en place et là ça devient compliqué. On ne joue pas collectif » confie, au premier rang de l’assistance, Mikael Cousinet, président de la cave coopérative Univitis. De fait, les freins sont là. Magali Verité, première vice-présidente de la chambre d’Agriculture, met les pieds dans le plat : « nous avons une multitude d’AOC, d’institutions. Il est difficile de s’entendre. Sauf que la viticulture ne peut plus se permettre ces désaccords, ces postures. Nous n'avons pas de visibilité à offrir à nos viticulteurs. »
Le vigneron Jeremy Ducourt fait observer la difficulté à convaincre la jeune génération aux Bordeaux. Le négociant Allan Sichel, ancien président de l’interprofession, lui, voit des sources d’espoir : « Quand on amène du vin de Bordeaux dans un festival de musique, ça marche. Nos vins sont très aimés ». Une de ses priorités : « il faut tisser des liens plus étroits entre négociants et viticulteurs » répète-il. Murmures dans l’assistance. Une voix s’élève : « il faut des prix rémunérateurs pour tout le monde et ne pas continuer à les tirer vers le bas ». Pour le vigneron Olivier Metzinger, la solution passe par le collectif : « Tant qu’on ne travaillera pas tous ensembles pour savoir ce dont ont besoin les clients, on n’y arrivera pas ».




