Dans la vie on partage toujours la merde, jamais le pognon » lançait Belmondo dans 100 000 dollars au soleil (1964). Dans la vigne aussi, ce sont les ennuis qui font tache d’huile dans toutes les strates de la filière : de l’amont à l’aval, en passant par tous les prestataires et les fournisseurs vitivinicoles, l’effet domino est vertigineux. Économiquement, les surplus absorbent les petites récoltes, et les marchés restent apathiques en volume et pingres en valeur. Sociologiquement, la pyramide des âges des vignerons laisse place à l’abîme : une partie du renouvellement des générations n’aura pas lieu, des vignobles tombant sans filet dans l’impasse la plus brutale. « Vous faites peine à voir, on dirait un cheval qu'a raté une haie, on vous abattrait sur un champ de course » grinçait Jacques Villeret dans le Dîner de cons (1998). Difficile de croire dans l’avenir à court-terme et de ne pas se demander jusqu’où va descendre le vignoble français alors que l’on entend de plus en plus d’opérateurs ayant la volonté de jeter l’éponge. Ce qui alimente la demande d’un plan d’urgence pour arracher et organiser la décroissance. Encore faut-il pour ça des financements, nationaux et européens.
« Moi y'en a vouloir des sous » lançait Jean Yanne en 1973. Mais en l’état, la réponse de Bruxelles n’est pas engageante et le soutien de l’État n’est pas gagné en cette période de disette budgétaire. « On vous demande de répondre par "oui" ou par "non" alors "ça dépend", ça dépasse » taclait Christian Clavier dans le Père Noël est une ordure (1982). La Commission européenne semble bien vouloir soutenir la filière vin, mais seulement dans sa commercialisation, pas dans son rééquilibrage par un plan social organisé. Si le premier est impératif pour l’avenir, sans le second il y aura toujours trop de surfaces en déshérence et continuant à produire des volumes n’ayant pas de rentabilité mais encombrant le marché. « Ou tu sors ou je te sors, mais faudra prendre une décision ! » lançait François Damiens dans Dikkenek (2006).




