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Financement participatif : les vignerons bichonnent leurs associés 
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Financement participatif : les vignerons bichonnent leurs associés 

Des vignerons indépendants ou des caves coopératives ont fait appel à du financement participatif pour acquérir du foncier ou se développer. Ils racontent comment ils entretiennent le lien avec ces associés passionnés par le monde du vin.
Par Hélène de Montaignac Le 17 octobre 2025
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Financement participatif : les vignerons bichonnent leurs associés 
Maxime Panchau (au premier plan), Domaine Cammaous et Caussarelle, Vacquières avec un groupe de ses associés - crédit photo : DR
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n 2018, Maxime Panchau se lance en solo en attendant de reprendre le domaine familial. Des vignes à vendre lui tendent les bras, mais il lui manque de l’argent – le nerf de la guerre – pour les acheter. Il s’adresse alors à Terra Hominis, une société spécialisée dans la création de vignobles en copropriété avec des particuliers. C’est ainsi qu’il trouve une centaine de passionnés prêts à prendre des parts dans un groupement foncier viticole (GFV) qui achète 3 ha afin que le vigneron les exploite en fermage sous le nom de Domaine Caussarelle.

Des associés pleinement intégrés à la vie du domaine

« Cette solution m’a permis de dégager un fonds de roulement et d’obtenir un prêt bancaire pour acquérir du matériel », explique-t-il. Par la suite, il crée un second GFV pour exploiter 3 ha supplémentaires. Enfin, il fusionne son domaine avec celui de son père en un seul dénommé Cammaous et Caussarelle, 18 ha à Vacquières, dans l’Hérault.

En tout, plus de 200 associés le soutiennent. Tous ont en commun l’amour du vin et l’envie de défendre un terroir. Cela va du néophyte au connaisseur, en passant par des professionnels comme « Laurence, une sommelière qui appelle souvent au domaine pour discuter », relate le vigneron.

Maxime Panchau intègre pleinement ses associés à la vie du vignoble. « Pour moi, ce ne sont pas de simples associés. Ce sont des complices dans mon aventure », assure-t-il. Il leur envoie des mailings pour les tenir au courant des travaux qu’il réalise. Il organise aussi deux journées sur place, une à l’occasion de l’assemblée générale (AG) des deux GFV et une lors des vendanges.

La dernière AG s’est tenue fin juin. L’approbation des comptes prend peu de temps car les chiffres sont les mêmes chaque année. Maxime Panchau rémunère la location des terres en attribuant à ses associés un ou deux cartons de six bouteilles par an selon le nombre de parts qu’ils possèdent.

Un gros banquet au milieu des vignes

« La journée passe vite en mode festif autour d’un déjeuner bien arrosé, décrit-il. 120 convives étaient présents cette année, certains ayant traversé la France pour être là. J’avais organisé un gros banquet au milieu des vignes autour d’une cuisse de bœuf à la broche. J’aime cette convivialité, c’est une manière de vivre. Dans ma famille, on est souvent 30 à table. Mais je ne nie pas que ça demande beaucoup de travail. »

En Alsace, Xavier Guntz a aussi agrémenté l’assemblée générale de ses deux GFV d’un « pique-nique chez lui. Près de trente associés étaient présents sur les 150 engagés ». Ce jeune gérant du Domaine Guntz Schaeffer, à Epfig, a repris le vignoble qui l’employait depuis neuf ans. Déjà locataire sur 9,4 ha, il a créé deux GFV consécutifs pour acquérir deux fois 1,5 ha supplémentaire, soit 3 ha. Il reste encore une centaine de parts à vendre dans le deuxième groupement. « Cette solution m’a permis de dégager de quoi racheter des stocks, un tracteur et des cuves », raconte Xavier Guntz.

Pour Caroline Comin et Philippe Libératore, le couple de gérants de Château Jaron, 40 ha à Landerrois, dans le Bordelais, « le GFV créé en 2023 avec Terra Hominis a été une chance inespérée. Cela faisait trois ans qu’on consacrait un quart de notre domaine à la vente en bouteilles en vue de sortir du tout négoce. Mais il fallait trouver de la clientèle et, dans ce but, développer l’outil de travail tout en misant sur l’œnotourisme. Nous avons alors vendu 4,5 ha à une centaine d’associés. Cela nous a permis d’installer un local climatisé pour les matières sèches et de compléter notre magnifique cave d’élevage de jarres en terre cuite ».

"Le travail d'élevage en jarres les passionne"

Depuis, les ventes en bouteilles ont bondi de 30 %. Caroline Comin adore bichonner ses associés : « On est hyper heureux de les recevoir. En juin, une cinquantaine d’entre eux est venue pour l’AG. Avant le repas, mon mari a emmené un groupe à travers les vignes, pendant que j’en conduisais un autre à la cave : le travail d’élevage en jarres les passionne. »

La mayonnaise prend. « C’est fantastique de voir comment les liens se créent tout naturellement, simplement par le partage de valeurs et le fait que chacun se sente un peu chez soi », se réjouit Caroline Comin.

Ce petit monde défile aussi régulièrement au domaine pour acheter et papoter. « Je reçois des associés au minimum deux fois par mois », confie la vigneronne. Elle n’oublie pas que la fidélité s’entretient : « J’ai compris très vite qu’il faut maintenir la curiosité, l’envie de revenir. » Dans cette optique, le couple commercialise depuis deux ans « une cuvée 100 % tannat qui rompt avec les classiques de Bordeaux. Et, cette année, on sort un pétillant ».

Toujours innover et surprendre

De plus, le couple a un second GFV en cours. Il s’agit de vendre à nouveau 4,5 ha à des associés. À terme, il est prévu de planter 3 ha avec du saperavi, un cépage rouge géorgien, toujours dans l’idée d’innover et de surprendre.

Comme elle, Maxime Panchau se félicite d’avoir des associés : « J’ai bénéficié tout de suite d’un réseau commercial. J’ai commencé à vendre du vin avant même d’avoir embouteillé mes premières cuvées. Et la vente au caveau a nettement grimpé. » Xavier Guntz parle même du « privilège d’avoir créé des liens avec les investisseurs, qui font partie intégrante du domaine ». Au point qu’il recommande à tout jeune qui s’installe de créer un GFV pour bénéficier du soutien de passionnés.

Si Caroline Comin est ravie de se sentir entourée d’associés impliqués dans la vie de son domaine, elle ne masque pas qu’il est « difficile et coûteux de devoir toujours renouveler l’attractivité ». D’autant que la partie n’est pas gagnée pour le Domaine Jaron, son second GFV n’étant pas bouclé. « On espère qu’on va s’en sortir grâce à ça, dit-elle. On ne met que 10 ha en bouteilles sur nos 40 ha. On va peut-être devoir passer par de l’arrachage. »

 

Banquet à la SCIC des Vignerons Ardéchois

L’Union des Vignerons Ardéchois a créé en 2018 Ardèche Vignobles, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), avec l’aide de l’agence Capital Citoyen. Un millier de sociétaires ont investi dans la SCIC, à 1 000 € la part. Les Vignerons Ardéchois ont ainsi levé 2,5 M€, ce qui leur a permis d’acheter une centaine d’hectares. « Deux tiers de nos vignerons ont plus de 50 ans et peinent à trouver un repreneur. La SCIC achète les vignes de ceux qui veulent les céder et les loue à ceux qui viennent s’installer », explique Philippe Dry, directeur de la coopérative et président de la SCIC. Les associés bénéficient de 25 % de réduction fiscale par part et de 5 % d’avantages en nature par an. Ardèche Vignobles les reçoit aussi trois à quatre fois par an : « À l’occasion de l’AG où nous exerçons notre devoir de transparence, d’une vente aux enchères caritative, ou pour extraire en chantant des magnums enfouis sous terre dans l’Aven d’Orgnac, montrer la taille, une plantation… Quant au repas, c’est toujours un banquet à la façon d’Astérix et Obélix ! »

Tags : Foncier
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