a stupeur et le saisissement ne sont toujours pas retombés pour la filière de Bourgogne. À 55 ans, le vigneron et négociant bourguignon Nicolas Potel s’est donné la mort ce vendredi 27 juin. Le Bien Public rapporte qu’« un viticulteur aurait mis fin à ses jours en se jetant des falaises [de Saint-Romain] avec son véhicule », un fourgonnette tombée d’une vingtaine de mètres dans la forêt et ayant causé sur le coup la mort de son conducteur. La disparition du vigneron avait été donnée à la gendarmerie par un proche selon la presse régionale. Fils de Françoise et Gérard Potel, Nicolas Potel a cédé, à la mort prématurée de son père en 1997, le domaine familial de la Pousse d’Or (Volnay) à son copropriétaire Patrick Landanger (disparu en 2023, son fils Benoît Landanger lui a succédé). Nicolas Potel a créé un négoce à son nom en 1997 à Nuits-Saint-Georges (qui a été racheté par Labouré-Roi en 2004 et qu’il a quitté en 2009) avant de lancer un nouveau vignoble en 2005 complété par un négoce en 2008 à Savigny-lès-Beaune : le domaine et la maison de Bellene (du nom médiéval de Beaune). Il présidait l’ensemble, le groupe Bellene.
Il n’y avait pas de signes avant-coureurs au drame : « il n’avait rien laissé paraître » rapporte Thiébault Huber, le président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB). Très affecté personnellement par la perte d’un camarade « qui avait toujours le cœur sur la main », le vigneron de Meursault salue la mémoire de Nicolas Potel : « une figure bourguignonne, joviale et fêtarde, très impliquée sur les questions techniques et des essais. On ne comprend pas ce qui s’est passé. » Ce geste dramatique montre toute la difficulté psycholoqique du métier vigneron pointe Thiébault Huber.
Fragilités
Même dans un vignoble qui se porte bien économiquement (bien que l’export des vins de Bourgogne se tasse actuellement), les fragilités humaines existent : « il y a deux ans nous avions lancé un observatoire du moral vigneron et sur 700 réponses il y avait 400 burn-outs » alerte Thiébault Huber, faisant état du stress des aléas climatiques, du manque de visibilité sur les récoltes et de la pression administrative. « Que l’on puisse arriver à une telle détresse, en tant que responsable professionnel, cela doit nous mettre en alerte » indique le président de la CAVB.
« C’est un drame épouvantable, nous présentons nos condoléances à sa famille et à tous ses proches » indique à Vitisphere la Fédération des Négociants Eleveurs de Grande Bourgogne (FNEB). « A l'instar de l'ensemble de la profession, je suis aujourd'hui profondément choqué par la disparition de Nicolas et je présente à l'ensemble de sa famille et à tous ceux qui l'appréciaient mes condoléances attristées » réagit Denis Thomas, vice-président du Conseil départemental de la Côte-d'Or en charge de la viticulture, partageant sur Facebook sa « stupéfaction et une grande tristesse ».
Suscitant l’émotion et les spéculations, ce drame rappelle également qu’aucun suicide ne peut être résumé à un seul élément déclencheur, en ensemble de faits professionnels, personnels et intimes pouvant concourir.