’ambiance était joyeuse ce vendredi 20 juin lors de l’inauguration de la serre de l’association Qanopée à Oger dans la Marne. « Ce n’est pas tous les jours qu’on inaugure un beau projet, s’est réjoui Bernard Angelras, président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Ce n’est pas tous les jours non plus que quatre interprofessions se regroupent pour préparer l’avenir. Nous traversons une crise profonde. Ce beau projet donne de l’espoir et doit rassurer les vignerons. On va bâtir ici la viticulture du futur ». Qanopée regroupe les interprofessions du Beaujolais, de la Bourgogne, de la Champagne et du Jura avec pour objectif de disposer d’une unité de production dédiée à la conservation et à la prémultiplication des greffons et des porte greffes. « Il nous a fallu dix ans de travail et de réflexion pour aboutir à la création de cette serre bioclimatique insect proof, a rappelé Thiébault Huber, président de l’association Qanopée et également président de la confédération des AOC de Bourgogne (CAVB). Notre objectif est de sécuriser la production de plant dans un contexte de changement de climatique et de dépérissement des plants. Les premiers plants de vignes sont arrivés dans la serre en mars 2025. La serre se remplit. Elle incarne l’avenir et la transmission. Le vaisseau est lancé ! ».
A ce jour, Qanopée comprend une serre bioclimatique de 4 500 m² pour apporter des garanties sanitaires optimales. Cette serre est divisée en plusieurs compartiments destinés à la production de porte-greffes et de greffons de base pour les vignobles des quatre interprofessions, à la conservation du matériel de biodiversité issu des conservatoires régionaux des membres fondateurs et enfin à la conduite de projet R&D. A moyen terme, une serre dédiée à la production de plants sera construite sur le site.


Pour Maxime Toubart, président du syndicat des vignerons de Champagne (SGV) et co-président du Comité Champagne (CIVC), « Qanopée est le coffre-fort de nos plants de vigne. Nous traçons ensemble un chemin plus solide pour la viticulture du Grand-Est et plus largement pour la viticulture française ». David Chatillon, président de l’Union des Maisons de Champagne (UMC) et également co-président du CIVC a salué « la force du collectif dans ce qu’il a de plus ambitieux. Les défis du changement climatique ne se relèveront pas seuls ! ». Sébastien Kargul, vice-président d’Inter Beaujolais, a insisté sur la notion d’engagement envers les jeunes et futurs vignerons : « dans le Beaujolais, nous avons la chance d’avoir initié une dynamique vertueuse qui a permis l’arrivée de jeunes viticulteurs. Nous leur devons de leur fournir des outils leur permettant de pérenniser leur vignoble. Nous sommes fiers de nous engager dans ce projet techniquement très abouti ».
Le montant total du projet s’élève à près de 10 millions d’euros. Il comprend les études préalables réalisées, le pilotage du projet et surtout la construction de la nouvelle unité de production avec son bâtiment d’exploitation. Pour assurer son financement, l’association Qanopée a mobilisé des fonds européens à hauteur de 4,8 millions d’euros, des dotations des collectivités territoriales pour 1,2 million et la contribution des interprofessions partenaires (Champagne, Bourgogne, Beaujolais).
Qanopée, qui réunit donc les interprofessions viticoles de Bourgogne, Beaujolais et Champagne a intégré le vignoble du Jura dans son comité technique et prévoit de l'intégrer comme membre associé. Cette possibilité sera offerte à d'autres vignobles.