e sont des dessous de verre qui ne font pas la gloire de la restauration : la pratique du rempotage, soit la substitution du vin commandé au verre par un autre moins cher sans que le consommateur ne s’en doute. Épinglée récemment par le Parisien, et reprise dans la presse du monde entier, cette fraude du consommateur n’est pas nouvelle, mais elle fait tache alors que la dégustation de vin au verre se développe. Et pas moyen de s’en sortir par une pirouette (en disant que ça se fait ailleurs, sur d’autres boissons et qu’au final "peu importe le flacon…"). On peut espérer que le coup de projecteur sur cette arnaque soit l’occasion d’éveiller l’intérêt des consommateurs pour mieux vérifier, et mieux connaître, le vin servi dans leur verre en demandant à le voir, pour jouer carte des vins sur table. On peut espérer que ce soit l’occasion de mobiliser les acteurs de la restauration pour qu’ils prennent le pli de montrer le service du vin au verre, en bouteille* ou à la tireuse, mais aussi de le professionnaliser en optimisant la conservation des bouteilles ouvertes, en veillant à la bonne température du vin servi… Et qu’ils étoffent leur offre avec un choix diversifié, un positionnement attractif et même compétitif en termes de prix par rapport à la concurrence des bières et autres cocktails régnant sur les terrasses.
Si les statistiques sur la consommation de vin en restauration sont rares, ou rarement récentes, le ressenti de l’augmentation des ventes au verre ne se dément pas à rebours de la déconsommation des bouteilles et autres formats plus généreux. Si 47 % des consommateurs de vin le sont au restaurant, ils sont 81 % à l’être à domicile (baromètre Sowine Dynata décembre 2024). Une proportion globalement stable ces dernières années, mais mise sous pression par le pouvoir d’achat (chez soi, le prix du verre peut revenir à celui d’une bouteille) et potentiellement la confiance (quand on ouvre la bouteille avant de servir le vin, on en doute normalement moins). De quoi mettre en garde la restauration sur l’impérieuse nécessité d’être exemplaire pour maintenir ses ventes, et marges, sur le vin. « Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille » écrit Jean de la Fontaine dans la fable du Renard et de la Cigogne (1668).
* : Pour « la vente au verre : le vin doit être servi dans sa bouteille d’origine devant le client (uniquement pour les vins en bouteille) » indique la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) dans un récent document.