Rémi Dumas : Les grandes manifestations de début d’année ont apporté des avancées et l’ouverture de beaucoup de dossiers, qui se retrouvent aujourd’hui en stand-by complet suite à cette dissolution inattendue. Il y a un risque certain que ces dossiers soient mis de côté selon la majorité qui pourra être constituée.
Les manifestations pourraient-elles reprendre si la feuille de route change ?
Nous n’envisageons aucune manifestation d’ici la constitution du nouveau gouvernement, mais nous rappelons à tous les candidats et futurs élus l’importance de garder ces dossiers ouverts et les faire avancer. Dans l’Hérault, nous donnons donc rendez-vous le 28 juin, à la Chambre d’Agriculture, à tous les candidats déclarés du département pour rappeler à tous l’importance de ces dossiers pour le secteur viticole et agricole. Si en 15 jours de campagne, ils ne sont pas capables de nous accorder une heure pour notre secteur, cela mettra en évidence l’importance que nous avons à leurs yeux.
Quelles sont les priorités ?
Les JA ont fixé 8 piliers entre le travail sur la rémunération, "Egalim 4", la demande d’une grande loi foncière, les énergies renouvelables, l’eau… Côté viticole, la conduite de l’arrachage est un enjeu incontournable, alors que les derniers arbitrages restent à trancher, en particulier autour de sa mise en œuvre effective. Dans cette perspective, je reste déçu du trop faible nombre de réponses à l’enquête nationale, pour adapter au plus juste cette aide d’ampleur.
L’autre axe majeur est l’aboutissement du projet de loi d’orientation agricole (PLOA) actant la politique de souveraineté alimentaire. On ne veut pas perdre ce projet de loi qui fait la place à la réforme de l’installation et la transmission, portée par les JA, alors que ça a été voté par l’assemblée nationale [NDLA : adoption en 1ère lecture le 28 mai 2024 à l'Assemblée Nationale]. Il faut aller jusqu’au Sénat pour valider définitivement ces acquis. Ce PLOA devait passer la semaine prochaine au Sénat [NDLA : en commission des affaires économiques à partir du 24 juin 2024], avec les nombreux amendements qui renforcent nos positions. Nous attendons que les acquis sur lesquels s’est engagé le gouvernement soient maintenant actés par des lois ou des décrets. La simplification avait commencé à être engagée, et c’est à nouveau mis en attente avec cette annonce.
Le président Emmanuel Macron ne s’est jamais prononcé sur une vision de l’agriculture de demain, et promet un discours à ce sujet pour la rentrée de septembre, ce que la dissolution vient également remettre en question. Nous ne sommes pas dans une logique de manifester à nouveau, car nous ne sommes pas là pour embêter nos concitoyens, mais si les choses n’avancent pas dans le bon sens, nous devrons nous mobiliser.