es équipements de protection individuelle (EPI) sont-ils efficaces contre les risques liés à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques ? Oui, répondent six experts salariés de Bayer, BASF, Syngenta, et Phyteis (l’ancienne UIPP, union des industries de la protection des plantes).
Dans une récente publication du Journal of Consumer Protection and Food Safety, ils affirment avoir épluché les résultats de 48 études réglementaires soumises au cadre des Bonnes pratiques de laboratoire (validées par un collège d’experts indépendants), et trouvé que les gants en nitrile et les combinaisons de travail réduisent de plus de 90 % l’exposition aux produits phytos. « Ces études ont suivi plus de 500 agriculteurs dans 10 pays européens, opérant en conditions réelles sans exclure les pratiques éventuellement inappropriées », détaille Julien Durand-Réville, responsable prévention santé chez Phyteis et co-auteur de la publication.
D’après la publication, pour les mains, la réduction moyenne de l'exposition par les gants est de 95 % lors du chargement et de 91,1 % pendant l’application. Pendant l’application, la réduction de l’exposition dépend du matériel utilisé : elle est comprise entre 97 et 100 % avec un automoteur, supérieure à 90 % dans 55 % des situations avec des pulvérisateurs à rampes ou pneumatiques, et équivalente à 90 % pour plus de 95 % des opérateurs avec un pulvérisateur à dos. « En revanche, pendant le nettoyage, des habitudes inadéquates ont favorisé la présence de résidus sur les mains des opérateurs malgré l’utilisation d’EPI », regrette Julien Durand-Réville.
Pour le corps, la réduction de l'exposition par les combinaisons de travail est de 96,4 % lors du chargement et de 94,9 % pendant l’application. Dans le détail, 96,7 % des opérateurs utilisant un automoteur réduisent de plus de 90 % l’exposition de leur corps. Pour les pulvérisateurs à rampe ou pneumatiques, la réduction de l’exposition est supérieure à 90 % dans plus de 85 % des situations. Pour les pulvérisateurs à dos, la réduction de l’exposition dépasse 90 % dans 65 % des situations plein champ.


Julien Durand-Réville souligne ici l’importance d’avoir recours pour certains scénarios à des protections complémentaires, comme l’exige la réglementation française (voir tableau ci-dessous), car « un vêtement en tissu seul n’est pas suffisant lors d’applications confinées, de traitements sans cabine, ou pendant le mélange et le chargement. Dans ces situations, le cadre réglementaire national prévoit le port d’un EPI chimique plus protecteur ou d’un tablier à porter par-dessus l’EPI vestimentaire. »
Pour encourager les viticulteurs à bien se protéger, il insiste sur le fait que des progrès énormes ont été réalisés par les fabricants d’EPI pour proposer des équipements confortables, réutilisables, esthétiques et efficaces. « D’expérience, une fois testés, les nouveaux EPI sont rapidement adoptés. »