’agriculture de conservation des sols (ACS) est basée sur 3 grands piliers : une perturbation minimale du sol qui fait référence au semis direct et au non-travail du sol (ou au travail à faible perturbation en dessus de 15cm de profondeur), une couverture organique permanente du sol et une diversification des espèces passant par des rotations et associations impliquant plusieurs espèces de culture différentes.
Pour réussir l'ACS en viticulture, il existe plusieurs notions à prendre en considération pour Florent Banctel, conseiller viticole pour la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Animant un groupe 30 000, composé de 10 entreprises viticoles pour créer des ponts entre sols vivants et biodiversité fonctionnelle, le technicien estime qu'« Il faut comprendre la notion d’intervention minimum au niveau du sol et son intérêt. C’est la première notion. Ensuite, Lorsque l’on introduit l’enherbement permanent dans l’inter-rang, il faut le penser comme la gestion d’une praire au sein d’une culture pérenne. C’est la seconde notion. La troisième consiste en l’introduction et la compréhension des rotations intraculturales via des couverts végétaux pour gérer ces prairies. On va devoir les renouveler sans (ou avec très peu) de travail du sol pour créer une rotation avec des engrais verts. »
Cette notion de rotation, si elle est bien connue du monde de la grande culture, est en revanche à redécouvrir pour le milieu viticole.
Pour le conseiller, il faut plusieurs années et quatre grosses étapes pour se diriger vers des sols vivants :
1ère phase : Il faut apprendre à minimiser le travail du sol et notamment de l’inter-rang. Cela va de pair avec la connaissance du cycle de l’herbe et de ses phases concurrentielles avec la vigne. Dans ce premier temps, « il est important de prendre le temps d’acquérir les bases du semis avec quelque chose de facile à semer et réussir l’implantation d’un couvert. Et ainsi acquérir un début d'organisation pour cette nouvelle pratique. »
2ème phase : Une fois un début d’organisation trouvé, il s’agit désormais d’affiner l'itinéraire technique, notamment sur la destruction des couverts, pour optimiser leur utilité.
3ème phase : Travailler et repenser la performance en affinant le choix des semences et de la méthode de destruction des couverts.
4ème phase : Déterminer comment arriver à faire une rotation intraculturale pour gérer et remplacer l’enherbement en utilisant une technique de semis direct.
Pour le conseiller, il n’y a pas d’injonction à rentrer dans la case "Agriculture de conservation des sols". Le plus important selon lui, c’est « d’éviter de (sur)travailler les sols, de réfléchir ses semis, mais également sa plantation »
En effet, pour éviter de travailler ses sols, il faut que la vigne soit à même de développer un système racinaire profond et solide. Rendre possible l’exploration des racines en étoile pour éviter les racines de surface, passe par le soin des conditions de plantation d’une parcelle. « En effet, il faut réfléchir aux conditions et aux outils de préparation du sol, tout comme la façon de planter la vigne. On a un très gros levier ici. »
« Il y a une évolution des pratiques, les vignerons sont aujourd’hui plus sensibles à ces techniques. » analyse le conseiller. Si tous n’ont pas tous le même niveau dans ce groupe 30 000, ils s’inspirent et apprennent les uns des autres.
« Il nous reste encore à réfléchir des rotations sans créer d’excès d’azote, sans grande concurrence pendant des périodes inadéquates et qui se calent sur le cycle végétatif de la vigne. C’est le gros challenge. » conclu Florent Banctel.