es fêtes et non défaites de fin d’année ! Si la vigne n’a jamais été un long fleuve tranquille, elle aura affronté de sacrés remous ce millésime 2023… Secoué par la sécheresse comme le mildiou, le vignoble sera passé dans une zone de turbulences et d'incertitudes dans de nombreux bassins. Et commercialement, il faut reconnaître que c’est la crise sur le gâteau… Les nouvelles sont loin d’être réjouissantes, avec des indicateurs passant au mieux à l’orange, quand ils ne sont pas dans le rouge ou carrément disjonctés. Si les opérateurs ayant des marchés valorisés en France et à l’export ont pu s’en sortir, beaucoup y perdent des plumes entre les effets de l’inflation, pesant sur la déconsommation française, et les trous d'air des marchés étrangers…
On ne va pas se mentir, l'année écoulée laisse un goût amer à toute la filière. Ceux étant déjà dans le dur le sont toujours plus (et toujours trop), ceux épargnés jusque-là sentent le souffle du boulet de l’incertitude se rapprocher (et les menacer). Malgré la forte mobilisation des pouvoirs publics, de la distillation de crise nationale à l’arrachage sanitaire bordelais en passant par les annonces sur un fonds d’urgence, une transformation des Prêts Garantis par l’Etat en prêts bonifiés et l’arrachage différé, le sous-dimensionnement des outils actuellement proposés et le flou sur les modalités de mises en Å“uvre laissent un sentiment mitigé. Tout ça pour ça ?
Alors que l’absence de rentabilité des cours du vin pèse sur l’avenir immédiat de certains domaines viticoles, cette fin d’année les laissent dans l’expectative : vaut-il mieux se lancer dans un nouveau cycle cultural, en espérant un rebond attendu depuis des mois/années, ou anticiper une crise durable, en abandonnant tout ou partie de son vignoble pour limiter les frais et la casse ? Pour d’autres vignobles, c’est l’absence de trésorerie qui grippe la machine, empêchant d’investir dans ce qui générera de la valeur ajoutée et permettra la relance. Ailleurs, c’est le manque de vin chronique, aléas obligent, qui remet en question les fondements de l’activité.
Que retenir de 2023 ? Peut-être l’imparable leçon du film La Haine (Mathieu Kassovitz, 1995) : « mais l'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage ». Pour éviter le crash et permettre le rebond, des outils sont à construire en pleine concertation pour réorienter les surfaces sans rentabilité, pour soutenir les trésoreries, pour adapter les profils produits, pour conquérir des parts de marché… Autant de leviers d'action demandés par la filière pour nourrir de bonnes décisions individuelles et préparer un retour aux succès collectifs.