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Des prix d’orientation du vin pour "construire un marché durable et rémunérateur" en AOP, IGP, bio et HVE
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172 ter et 210 bis
Des prix d’orientation du vin pour "construire un marché durable et rémunérateur" en AOP, IGP, bio et HVE

Si ce n’est pas encore Noël pour la filière, il y aura un avant et un après 172 ter et 210 bis pour la valorisation des vins selon Damien Gilles, le président du Syndicat des Vignerons des Côtes du Rhône, qui fait le point sur ces évolutions réglementaires européennes devant désormais se traduire en cours rémunérateurs et paver le chemin vers la refonte nationale d'Egalim.
Par Alexandre Abellan Le 11 décembre 2025
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Des prix d’orientation du vin pour
Face à la frilosité politique sur Egalim, Damien Gilles pointe que l''on sait très bien que monter de 20 ou 30 €/hl le vin en vrac payé au producteur n’augmente que de 15 à 20 centimes le prix d’une bouteille'. - crédit photo : Syndicat des Vignerons des Côtes-du-Rhône
C

e 4 décembre à Bruxelles, le paquet vin vient d’acter l’élargissement aux moûts et vins en vrac de l’article 172 ter qui permet de communiquer au sein des interprofessions et syndicats viticoles des prix d’orientation sur les raisins AOP et IGP. C’était un amendement qui n’était pas gagné…

Damien Gilles : Cette extension est une vraie victoire. C’était obligatoire pour de nombreuses régions viticoles françaises où l’on ne parle pas de prix au kilo de raisin mais à l’hecto de vin. On l’avait motivée avec la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d'origine contrôlées (CNAOC) et la commission marché [NDLR : dont Damien Gilles est co-président]. Cet outil est l’une des bases fondamentales de notre avenir. On va pouvoir parler d’économie librement dans les interprofessions sans pour autant cliver et figer un marché. On va enfin pouvoir tirer toute la performance de notre interprofession sur le volet économique, où l’on ne pouvait que constater ce qui s’était passé et en tirer des leçons que l’on ne pouvait pas appliquer.

 

C’est un changement de paradigme quand on se souvient des condamnations infligées par l’Autorité de la Concurrence sur ses sujets en Alsace et en Vallée du Rhône

Avoir raison trop tôt, c’est avoir tort*. Il fallait en passer par le volet européen, qui fonctionne au-delà de nous permettre d’arracher ou de distiller. L’avantage que l’on a maintenant, c’est d’avoir à disposition les deux articles 172 ter et 210 bis [NDLR : autorisant la communication de prix d’orientation pour les vins bio et HVE, ce qui se traduit dans les accords de durabilité sur 2 ans pour 6 cépages Pays d’Oc IGP et en Côtes-du-Rhône rouge].

Finalement ces deux articles ne sont rien l’un sans l’autre. On communique déjà sur le 210 bis, mais il y a un trou : le socle de nos appellations. Le 172 ter va réellement mettre un socle pour nos appellations. Et pas qu’en Côtes-du-Rhône, j’en suis certain. Quelques interprofessions étaient timides sur le fait d’y aller, alors que l’Alsace et nous avions été condamnés, ça restait tendu. Pour le coup, ça sera sacralisé avec l’adoption du paquet vin. Le 172 ter amène un socle et le 210 bis amène une valeur supplémentaire sur la durabilité, HVE et bio.

 

Contrairement au 172 ter sur les AOP et IGP, le prix d’orientation sur bio et HVE permis par le 210 bis est limité à 2 années, reconductibles.

C’est reconductible si la crise est toujours là. Est-ce que demain notre région ne sera plus en crise ? Je le pense, j’en suis même certain vu la performance que nous enregistrons ce début de saison en termes de contractualisation et de prix. Nous avons fait tous les efforts nécessaires pour rééquilibrer les marchés et nous allons de l’avant. Maintenant, il ne faudrait pas trop aller trop dans la destruction, même si elle est nécessaire. Nous ne sommes pas encore dans le manque, c’est certain, mais je ne sais pas si un jour ça ne pourrait pas arriver. Alors que la logique européenne est d’amener à une évolution environnementale au sein des États membres, est-ce que ce 210 bis ne pourrait pas s’intégrer dans une logique permanente et plus seulement de crise ?

 

Si la communication des prix d’orientation en bio et HVE permise par le 210 bis doit lancer une dynamique de revalorisation, on voit dans les mercuriales rhodaniennes des cours très bas en bio pour l’appellation régionale : 129 €/hl d’août à novembre quand le prix d’orientation est à 170 €/hl.

On a eu un très gros souci, avec la vampirisation d’un opérateur du négoce sur le bio. Je n’en connais que les prix, je n’en sais pas le nom. Il semble que cet opérateur se soit empressé de passer des contrats avant l’annonce des prix d’orientation. Cette situation est insupportable, mais depuis deux semaines il y a une amélioration de la tendance.

 

Concernant la mise en œuvre du 172 ter élargi aux vins, visez-vous une application dès 2026 ?

Je pense que l’on sera bon dès 2026. Chez nous, Inter Rhône a déjà voté le principe d’utilisation du 172 ter et du 210 bis. Dès juin-juillet 2026, nous allons travailler sur la mécanique 172 + 210. Nous utiliserons l'ensemble des deux articles pour pouvoir communiquer convenablement sur nos prix et sur ce que doit être le prix demain. Je suis certain que d'autres appellations nous rejoindront, puisque je suis très interrogé au sein de la CNAOC sur la façon dont on a travaillé et construit les outils. Très rapidement, on va avoir une vraie dynamique française sur cette communication. Ce 210 est un premier pas, le 172 arrivera pour enfoncer le clou. Tout sera aligné et je pense que l’on arrivera à construire un marché durable et rémunérateur pour l'ensemble des Côtes-du-Rhône, mais aussi, j'en suis sûr, pour les autres AOP françaises et même IGP. On restera quand même toujours dans la fragilité que ce ne sont que des orientations, ce n'est pas la mise en place d'une loi Egalim.

 

Vos travaux sur Egalim avec Bordeaux sont toujours en attente, les planètes politiques ne semblant toujours pas alignées

Nous avons continué à travailler sur Egalim, bien évidemment. Nous avons élargi le cercle du travail pour concrétiser quelque chose en 2026. Un projet ou une proposition de loi selon la stabilité du gouvernement. J’ai parlé de ce projet à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a du mal à se projeter sur le fait que les négoces ou les metteurs à marché ne soient pas pris en étau (entre la production et la distribution). Ce qui est quand même assez caustique, parce que pour l'instant c'est nous qui sommes non pas pris dans l'étau, mais pris directement au feu de l'enclume. Nous sommes en train de disparaître par carbonisation, alors que pour l'instant le volet industriel est effectivement très chahuté, mais reste quand même plutôt d'aplomb comparé à nous. La ministre doit comprendre que l’on a travaillé Egalim avec le négoce (avec l’UMVIN).

Elle se range aussi dans l’idée que demain le consommateur ne doit pas se retrouver avec des bouteilles hors de prix, vu que l'on va monter le prix du vrac. Mais on a vu plusieurs fois dans le passé que monter des prix à la production ne veut pas forcément dire monter des prix aux consommateurs. On sait très bien que monter de 20 ou 30 €/hl le vin en vrac payé au producteur n’augmente que de 15 à 20 centimes le prix d’une bouteille. Et cette hausse peut être intégrée dans la chaîne de valeur pour que ces 15-20 centimes ne deviennent plus que 5-6 centimes. Mais encore faut-il qu'il y ait cette loi Egalim qui mette en transparence les marges de chacun. Pour que l’on sache réellement qui, sur une bouteille à 6 €, gagne réellement sa vie. Une bouteille à 1,99 € chez Lidl ou dans le hard-discount, on sait que personne ne la gagne. C'est de la dégradation d'image et de valeur, c'est du prix coûtant, ça ne sert strictement à rien pour l'avenir de l'agriculture française. Heureusement ce sont des prix très marginaux pour le moment. Et j'espère que ça le restera, voire même que ça disparaîtra.

Donc en attendant Egalim on aura le 172 ter intégrant d'une partie les coûts de production et de l'autre le marché (ce que le 210 bis ne fait pas, ne prenant en compte que le coût de production). On aura déjà le calibre pour mettre en place Egalim. Donc ça ira très vite quand ce sera possible. On ne peut pas dire qu'on est en avance, mais en tout cas on n'est pas en retard.

 

* : « C'est avoir tort que d'avoir raison trop tôt » écrivait Marguerite Yourcenar, pour qui « les lois sont dangereuses quand elles retardent sur les mœurs. Elles le sont davantage lorsqu'elles se mêlent de les précéder. »

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