ancées ce lundi 8 décembre depuis le marché de Rungis lors d’un évènement baptisé "le Grand Réveil Alimentaire", les conférences de la souveraineté alimentaire « doivent porter une réflexion collective qui aboutira à redessiner nos paysages et notre carte de production à horizon 10 ans » pose dans son discours Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, qui avertit que leurs réussites « supposeront des décisions courageuses, dans de nombreux domaines, et j’ai pour cela pleine confiance en vous » lance-t-elle aux professionnels l’entourant, dont ceux du groupe de travail dédié à la viticulture. Comptant parmi les sept filières agricoles traitées (aux côtés des grandes cultures, fruits et légumes, viandes blanches, ruminants et chevaux, productions végétales spécialisées, pêche et l’aquaculture), la culture de la vigne participera à ses conférences sous la houlette de Bernard Angelras, le président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV).
À l’occasion du récent salon Sitevi, le vigneron des Costières-de-Nîmes (appellation dont il fut longtemps le président) indiquait à Vitisphere que le lancement de ces conférences était une bonne nouvelle afin « de redistribuer les cartes, construire la viticulture de demain face aux nouvelles consommations, s’adapter aux tensions géopolitiques et au changement climatique qui s’opère ». Avec ce que cela implique opérationnellement en termes d’aménagement des territoires, de la diversification des cultures à la gestion de l’eau pour permettre l’irrigation. Bernard Angelras ayant été l’artisan de l'intégration des mesures agro-environnementales dans les cahiers des charges des vins AOC.
Bases de travail
Indiquant s’appuyer en cohérence sur les récents plans de la filière, de Cap Vins 2030 (présenté en début d’année) au plan d’adaptation au changement climatique (présenté l’été 2021), Bernard Angelras rappelle que la filière vin ne part pas de rien en termes de réflexions stratégiques. Sachant que l’on pourrait ajouter les stratégies de filières des États Généraux de l’Alimentation ou du Varenne de l’eau, ainsi que la feuille de route de décarbonation ou les plans de souveraineté… S’appuyant notamment sur Cap Vins, la filière vin va « le décliner, l’approfondir et le booster. Il y a toujours des choses à actualiser et ajouter, mais on ne va pas repartir de zéro pour écrire une nouvelle histoire » souligne Bernard Angelras.
Le coordinateur du groupe de travail viticulture des conférences de la souveraineté alimentaire sera accompagné d’autres représentants de la filière issus d’interprofessions, d’instituts techniques, de l’amont comme de l’aval, ainsi que du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Dont le président, Jérôme Despey, qui indiquait récemment à Vitisphere l’objectif de ne pas repartir sur des constats mais de préparer un plan d’action, ce qui impose de mener « un important travail au-delà des mesures conjoncturelles et structurelles pour bâtir l’avenir de la filière. On ne peut pas toutes les années combiner de l’arrachage et de la distillation. Beaucoup de bassins le disent, on est vignerons pour produire. »
Devant passer par des travaux nationaux et en région, ces conférences doivent aboutir à de premières conclusions pour le Salon international de l’agriculture en février 2026, à l’identification de projets cibles et à la présentation d’un plan national interfilières de production et de transformation à 10 ans mi-2026 (avec un rapport et une conférence). Contacté, le cabinet de la ministre ne se positionne pas sur la demande maintenue des sénateurs sur des Assises de la viticulture. Ce récent rapport sera intégré aux réflexions à mener sur la filière vin précise juste la rue de Varenne.
* : « Ce réveil n’est pas celui du monde agricole : nos agriculteurs, eux, savent depuis longtemps les contraintes qu’ils affrontent et les risques qui pèsent sur notre indépendance » précise la ministre, indiquant que « le réveil que j’appelle de mes vœux est celui des consommateurs, celui des Français. Une prise de conscience lucide, urgente, sur la fragilité de ce qui nous nourrit, sur la nécessité de soutenir nos filières, sur l’importance de choisir une alimentation qui renforce notre souveraineté plutôt qu’elle ne l’affaiblit. La souveraineté alimentaire n’est pas l’affaire d’un secteur : c’est l’affaire d’un pays tout entier. »



