Qui pourrait s’opposer à un fonds d’aide spéciale de 10 millions pour les viticulteurs, en grande difficulté ? » lance le député Philippe Brun (Eure, Parti Socialiste) ce mardi 2 décembre lors des discussions mouvementées de l’Assemblée Nationale sur le Projet de Loi de Finances de Fin de Gestion pour 2025 (PLFG). Ajouté en Commission Mixte Paritaire ce jeudi 27 novembre, ces 10 millions € « financeraient, dans le cadre de l’assurance récolte, un soutien aux viticulteurs confrontés aux crises et aléas de production » indique le rapport adopté par les députés et sénateurs, alors que le vignoble français enregistre après les coups de grill de l'été une nouvelle récolte historiquement basse (36,2 millions hectolitres de vin en 2025). Adopté de justesse, avec 217 députés pour et 213 contre, ce texte budgétaire acte donc 10 millions € au profit de la filière vin. Des fonds qui faisaient partie des arguments répétés par les promoteurs du PLFG pour son adoption. Ainsi la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, salue ceux qui ont « choisi d’ouvrir des crédits pour aider nos viticulteurs à surmonter la crise qu’ils traversent actuellement ».
« Nous tenions à cette mesure de soutien à une profession confrontée à d’importants aléas de production » souligne pour sa part le député Charles Sitzenstuhl (Bas-Rhin, Ensemble Pour la République). Tandis que le député Éric Coquerel (Seine-Saint-Denis, La France Insoumise) relativise ce donné face aux autres rendus : « la CMP a concédé 10 millions € au soutien des viticulteurs. Ce n’est rien comparé aux 118 millions € d’annulations de crédits qui sont toujours prévus pour 2025 ; ce n’est rien comparé à la baisse de 253 millions prévue en 2026 pour la mission Agriculture ». Un rejet partagé par le député Olivier Fayssat (Bouches-du-Rhône, Union des droites pour la République), qui estime que « pour utiles qu’ils soient à certains secteurs – je pense aux viticulteurs, aux CCI ainsi qu’aux collectivités – ces aménagements ne doivent pas masquer l’essentiel : ce texte consacre l’échec budgétaire du macronisme ».
20 millions € évaporés
Reste désormais à mettre en œuvre ces fonds, les 20 millions € d’aides obtenus dans le PLFG 2024 n’ayant pas abouti, alors qu’ils ciblaient les pertes de récolte liées au mildiou dans le vignoble après le rude millésime 2024 (en écho au fond d’urgence 2023 de 80 millions €). Lors d’une audition en mai dernier, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, expliquait que « ce montant a été adopté en fin de gestion 2024 et nous avons sollicité son report sur 2025, mais cette demande n’a malheureusement pas abouti. Ces fonds ne figurent donc pas dans le budget 2025. La censure du gouvernement a considérablement perturbé l’exécution budgétaire, ce qui s’est ajouté aux restrictions budgétaires que nous avons dû appliquer. » Ces fonds se sont purement et simplement évaporés. Réduite de moitié pour 2025, cette enveloppe connaitra-t-elle le même sort ? Mais « qui pourrait s’opposer à un fonds d’aide spéciale de 10 millions pour les viticulteurs, en grande difficulté ? »




