ls en ont gros. Dans une lettre envoyée à la ministre de l’Agriculture cette fin de semaine, les représentants du négoce interpellent Annie Genevard sur leur mise à l’écart d'une réunion au ministère ce 14 novembre à propos de l’évolution de la réglementation européenne (le paquet vin actuellement négocié à Bruxelles). Alors que la ministre est attendue à Montpellier en début de semaine au salon Sitevi pour présenter des annonces de sortie de crise (peut-être des fonds européens et nationaux sur l’arrachage et la distillation, peut-être des exonérations sur les cotisations MSA ou les impôts type TFNB... après la manifestation de Béziers la filière ne peut imaginer qu'il n'y ait aucune annonce), le négoce a la désagréable impression de ne pas être considéré en tant que tel.
Des représentants du négoce précisent à Vitisphere qu’ils ne reprochent rien à la viticulture (« nos relations et collaborations se sont même améliorées »), mais à la DGPE, « qui parle seulement à la viticulture » et qui ne considère pas les négociants comme parties prenantes dans les échanges. En l’état des discussions qu’ils n’ont pas alimentées, les négociants estiment que « si des annonces se concrétisent, nous savons déjà qu’il n’y aura pas de relance du marché, mais l’intervention d’un pompier service, en la personne de la ministre, pour éteindre le feu. Mais il n’y aura pas de solutions structurelles. » Martelant que « le négoce ne souhaite pas empêcher les aides, mais celles-ci doivent accompagnent la restructuration de la filière et la conquête des marchés ».
Alors que le négoce plaide depuis 2023 pour un meilleur pilotage de la réduction du potentiel de production (à l’occasion de distillations et d’arrachage), l’aval l’a d’autant plus mauvaise d’être mis à l’écart des réflexions sur la réduction du potentiel de production que le récent rapport du Sénat sur la crise viticole pose que « si la filière souhaite sortir la tête de l’eau, elle doit absolument nouer un pacte de confiance entre ses composantes amont et aval, c’est-à-dire entre les producteurs et les négociants. C’est toute la filière, dans son ensemble, qui a son destin entre ses mains. »
Entrain de sénateurs
Le rapport critiquant notamment la stratégie de rééquilibrage de l’offre avec la demande par l’arrachage et la distillation, plutôt que développer de nouveaux produits et marchés. Les conclusions des sénateurs tirent notamment un constat que le négoce voudrait faire rentrer dans l’esprit de la DGPE : « de même que le producteur est maître en son royaume, le négociant est maître en le sien. Toute la problématique est qu’il s’agit en réalité d’un seul et même royaume qui, pour croître et prospérer, doit entretenir et surtout élargir ses voies de communication. » D’où les demandes sénatoriales d’entrée expérimentale du négoce dans les Organismes de Défense et de Gestion (ODG), la tenue d’Assises de la viticulture pour favoriser une vision d’avenir partagée reposant sur des profils produits concertés et des productions contractualisées (avec un conditionnement des aides à la réussite de ces assises)…
Si le ministère de l’Agriculture prévoit d’inclure la viticulture dans ses conférences de la souveraineté (lancées ce 8 décembre à Rungis sous la forme d’un "grand réveil alimentaire"), le négoce veut d’urgence être entendu et participer aux travaux conditionnant l’avenir de toute la filière. Les représentants du négoce posant la question clé : « comment attirer des jeunes dans la filière quand ils voient les anciens rémunérés par la distillation et arrachant leur patrimoine, et leur retraite ? Ce n’est pas viable. »




