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La déconsommation de vin "s'accompagne d'un discours moral, souvent réducteur, qui caricature injustement"
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Céline Imart
La déconsommation de vin "s'accompagne d'un discours moral, souvent réducteur, qui caricature injustement"

"Le vin n'est pas un vice, il est une culture et un art de vivre fondé sur l'équilibre" plaide la députée européenne Céline Imart qui appelle à une défense d'une filière vin mise en difficulté et nécessitant des soutiens économiques, diplomatiques, touristiques...
Par Alexandre Abellan Le 23 octobre 2025
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La déconsommation de vin
« Le vin est un produit de civilisation, le fruit de la terre et du travail humain, il est inscrit aussi au patrimoine immatériel de l'humanité. Et c'est aussi, et peut-être surtout, un moteur de convivialité et de partage » plaide Céline Imart. - crédit photo : DR
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e constat de la déconsommation de vin est implacable : « depuis 60 ans, en France, la consommation de vin a chuté de près de 70 % (de 120 litres de vin par an à moins de 40 litres par an aujourd’hui) » expose la députée européenne Céline Imart (groupe du Parti Populaire Européen) ce mardi 21 octobre à Strasbourg lors de l’European Wine Day. S’inscrivant dans le temps long, cette baisse volumique est structurellement systémique : « nous sommes passés du vin boisson au vin plaisir » résume la céréalière du Tarn diplômée de Sciences Po, syndiquée à la FNSEA et membre du parti Les Républicains. Pour elle, « cette évolution est culturelle et générationnelle, mais elle est aussi, et malheureusement, idéologique. Cette mutation s'accompagne en effet d'un discours moral, souvent réducteur, qui caricature injustement le vin. »

Mettant résolument les deux pieds dans le plat, Céline Imart critique « cette nouvelle religion hygiéniste du risque zéro, où la seule vertu serait l'abstinence […] parce que cette logique hygiéniste fabrique la méfiance et fabrique la culpabilité. Le fameux "no safe level" (pas de niveau sans risque) relève d'une démarche purement idéologique, qui voudrait que dès la première goutte d'alcool le risque de cancer ne ferait qu'augmenter. Rien n'est plus faux. » Alors que le débat sanitaire sur le vin fait toujours l’objet de débats scientifiques (en témoigne le dernier ouvrage du professeur Michel de Lorgeril), l’eurodéputée tranche : « nous devons collectivement revendiquer la culture du plaisir raisonné, de la modération, qui fait partie de notre identité européenne, depuis des siècles. Le vin n'est pas un vice, il est un héritage, il est une culture, et il est un art de vivre fondé sur l'équilibre. »

Faire du plaisir une culture et de la culture une économie

Estimant qu’il est difficilement imaginable que le Parlement européen actuel porte l’idée du "no safe level" dans un rapport type BECA (plan pour battre le cancer, Beating Cancer, en 2022), Céline Imart a un injonction pour le personnel politique : « défendre le vin avec la même énergie que nous défendons notre culture, notre langue ou nos paysages, parce que le vin est un symbole universel de notre civilisation. En Europe nous avons ce privilège rare qui est celui de faire du plaisir une culture et de la culture une économie. Portons donc cette vision positive, ambitieuse, chez nous en Europe, pour repartir à la conquête des marchés mondiaux comme nous avons su le faire depuis des décennies. »

Crises multiples

Une approche ambitieuse portée lors de l’European Wine Day par l’appel de Strasbourg "pour une Europe fièrement viticole", ayant l’objectif de mobiliser l’Europe pour faire face aux multiples défis menaçant actuellement l’avenir de la filière vin. Le monde vitivinicole faisant « face aux évolutions de la consommation, aux tensions commerciales, à l'instabilité du monde » rapporte Céline Imart, soulignant que « longtemps, la baisse de la consommation intérieure européenne a été compensée par l'émergence de nouveaux marchés, dans le reste du monde. Mais les tensions commerciales croissantes rompent définitivement avec cet équilibre. »

En témoignent la stratégie de taxes américaines sur les vins (en 2019 et désormais 2025), l’enquête antidumping chinoise sur les eaux-de-vie de vin (cognacs et armagnacs) : « dans cette bataille mondiale du commerce, les sanctions, les contre-sanctions, les barrières techniques deviennent la norme. Et dans ce champ de tensions, le vin européen est souvent pris en otage. Pas seulement parce qu'il est une marchandise qui a une valeur économique certaine, mais aussi parce qu'il est un symbole culturel et économique de ce que nous représentons » analyse l’eurodéputée, pour qui « nous devons adopter une politique commerciale beaucoup moins naïve ».

Leviers d’action

Pour soutenir la filière vin, Céline Imart appelle à un renforcement de la promotion européenne (« aussi bien au sein du marché intérieur qu'à l'extérieur de l'Europe pour promouvoir nos vins »), un soutien de l'œnoutorisme (« un outil puissant pour attirer et fidéliser des consommateurs »), l’arrêt des accords de libre-échange généraux pour la mise en œuvre d'accords bilatéraux sectoriels (pour « exporter nos vins et spiritueux sans mettre en danger d'autres secteurs agricoles, [comme] le secteur de l'éthanol, du maïs, du sucre ou de la viande bovine »), le soutien sonnant et trébuchant de l’Europe à un arrachage définitif (« financer cet outil avec la réserve de crise doit être considéré ») et la consolidation de rendements (avec l’accès à l'eau dans les régions le nécessitant, les autorisations phytos évitant les impasses et l’adaptation de l’assurance multirisque climatique à la récurrence des aléas…). Il y a urgence à agir pour l’eurodéputée, car si la filière vin est un modèle de réussite agricole, « cette richesse dont nous pouvons être fiers et que nous pensions éternelles est aujourd'hui fragilisée ».

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