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"Vin plus calorique que le Coca", "sulfites à fuir"… Les œnologues répondent à Que Choisir
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"Vin plus calorique que le Coca", "sulfites à fuir"… Les œnologues répondent à Que Choisir

Le dernier numéro de Que Choisir alerte les consommateurs de vin sur "les substances invisibles qui se dissimulent dans les bouteilles et présentent des risques pour la santé" : le point et la réplique œnologique pour affirmer qu’"une bonne partie de la problématique à été traitée par la filière" sur nombre de sujets.
Par Alexandre Abellan Le 01 octobre 2025
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« Saccharose, E220-E228, E270, E296, E300, E330, E334... la liste d'ingrédients d'un sachet de bonbons premier prix ? Non, celle d'un vin rouge de Bourgogne vendu 13 € les 75 cl » écrit Que Choisir. « E220-E228 : sulfites. E270 : acide lactique. E296 : acide malique. E300 : acide ascorbique (vitamine C). E330, E334 : acide tartrique » traduit Sylvie Biau, qui grince sur cet affichage « des correcteurs d’acidité, des molécules qui existent de façon naturelle dans le vin ». - crédit photo : Alexandre Abellan
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’est la nouveauté de la foire aux vins d’automne 2025 : les QR Codes fleurissent sur les bouteilles avec la mise en marché du millésime 2024, donnant accès aux informations désormais obligatoires de nutrition et d’ingrédients. Alors que les opérateurs de la filière vin continuent de s’approprier cet outil, ce nouveau bloc apparu sur les contre-étiquettes interroge logiquement les consommateurs, comme en témoignent de récentes publications dans la presse. Après un article pédagogique dans le spécial vin du Point et les reprises de l’étude de l’association de consommateurs CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) demandant un affichage des ingrédients sur la contre-étiquette et non sur un QR Code (voir encadré), voici le dossier de Que Choisir : "vin : ce qu’il contient vraiment. Additifs, pesticides, bisphénols…" titre en une le numéro 650 (daté d’octobre 2025). En 6 pages, le mensuel annonce que si « les producteurs de vin sont enfin tenus d'indiquer l'ensemble des ingrédients qu'ils utilisent », l’association de consommateurs alerte que ses tests et « analyses révèlent un emploi important d'additifs, mais également la présence d'autres substances indésirables, restées cachées. »

Ayant analysé 35 cuvées du millésime 2023* en vins rouges, blancs, secs et moelleux en AOP Bourgogne, Bordeaux, Côtes-du-Rhône et IGP pays d’Oc vendues de 2 à 13 €, Que Choisir précise ses intentions :  « certes, chacun sait déjà que le vin contient de l'éthanol, aux méfaits bien connus. Mais ce n'est pas une raison pour laisser traîner dans les fûts tout un tas d'autres composés à risque. Or, nos analyses révèlent qu'ils sont nombreux : additifs, bisphénols, phtalates, pesticides... » Épinglant également les calories du vin, la conclusion de Que Choisir est-il qu’il ne faut plus boire de vin ? Ayant écrit cet article, la journaliste Elsa Abdoun pondère en prônant une approche certes clinique, mais plus pédagogique que dogmatique. Avec l’analyse de produits de consommation, « c’est toujours pareil. L’important est de donner l’information pour que chacun décide ce qu’il en fait et puisse juger de sa consommation par rapport au risque » explique la journaliste. Il est vrai que les informations ne manquent pas dans ce dossier, ce serait plutôt le manque de recul que regrettent les experts contactés.

Ce n’est pas un scoop

Face à ce dossier, « c’est du Que Choisir assez classique ! Je ne vois en revanche pas de gros scandale ou de problème réel soulevé par cette enquête » réagit Vincent Bouazza, le responsable des unités d’analyse fine des laboratoires Dubernet (Languedoc-Roussillon et vallée du Rhône).  « Pour les valeurs énergétiques, pas de surprise. Elles sont indiquées sur les bouteilles et ce qui est indiqué est ce qui a été retrouvé à l’analyse. Sinon ils l’auraient crié haut et fort » poursuit l’expert languedocien en chimie fine, notant que « plus le Titre Alcoométrique Volumique (TAV) est élevé, plus la valeur énergétique est haute. C’est logique, ce n’est pas un scoop. La teneur moyenne est plus élevée que celle du coca, c’est un fait. »

Car Que Choisir met en avant « calories : deux fois plus que dans le coca ». L’article rapporte qu’« en 2022 avait été évoqué l'affichage d'un Nutri-Score F sur les boissons alcoolisées, en noir » comme « sans cette mention, il est facile d'oublier la grande toxicité de l'alcool, mais aussi sa densité énergétique […] qui participe au développement du surpoids et de l’obésité : 5 % de l'apport énergétique moyen des Français provient uniquement de la consommation de bière, de vin et de spiritueux, d'après l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Soit plus que ce que représente le fromage. »

La vie en dose

Mais ces valeurs caloriques sont « Ã  ramener au mode de consommation » prévient Sylvie Biau, la directrice de Sovivins Analytique (laboratoire d’analyses Å“nologiques basé à Martillac, Gironde). S’il y 44 Kcal dans 100 ml de Coca Cola contre 86 Kcal dans 100 ml de vin rouge à 15 % vol et 78 Kcal dans 100 ml de vin blanc moelleux à 12 % vol et 20 g/L de sucres résiduels, il faut relativiser ces valeurs absolues avec les modes réels de consommation : soit une canette de soda contre un verre de vin. « Quand on boit une canette de coca (33 cl) on consomme environ 145 Kcal, quand on boit un verre de vin rouge (environ 100 cl) on consomme 86 Kcal » analyse la docteur en Å“nologie bordelaise, pour qui « dire que le coca est meilleur d’un point de sanitaire, non désolé ».

Ça sulfite

Se penchant sur les ingrédients affichés sur les QR Codes, Que Choisir avance aux consommateurs : « fuyez les sulfites ainsi que le E466 ». Soit d’une part l’ensemble des sulfites (antioxydants et antimicrobiens allant du E220 au E228), qui « en plus de provoquer des symptômes désagréables chez les personnes intolérantes (maux de tête, démangeaisons...), voire dangereux (crises d'asthme, choc anaphylactique) pourrait avoir des effets délétères sur le système nerveux » alors que « l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) reconnaît elle-même ne pas être en mesure, en l'état des données disponibles, de garantir une absence de risque ». Et d’autre part le E466, soit la CarboxyMéthylCellulose (CMC), définie par l’article comme un additif « qui empêche la formation de dépôts de tartre au fond du verre et de la bouteille » et qui « serait susceptible, par exemple, de favoriser les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, le surpoids, le diabète et les maladies cardiovasculaires ».

Pour Sylvie Biau, le risque lié à la CMC doit être remis dans la perspective de l’étude sanitaire à son propos et dans un contexte d’usage réel. « L’étude sur la dangerosité de cet additif sur la santé humaine a été évaluée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) en 2021 sur la base de 9 patients ingérant des aliments exempts de CMC pendant 11 jours et 7 patients ingérant 15g de CMC/jour pendant 11 jours. Soit l’équivalent chaque jour de 200 bouteilles de 75 cl de vin contenant la dose maximale de CMC (100 mg/L selon l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin, l’OIV) » indique l’experte, pointant que s’« il est bon d’avoir à l’esprit la possible dangerosité de la CMC (son utilisation généralisée dans les aliments transformés pourrait contribuer à une prévalence accrue d'un ensemble de maladies inflammatoires chroniques en modifiant le microbiome intestinal et le métabolisme), il est important de raisonner les ordres de grandeur ».

Réduire le risque

Citant les données compilées par l’UFC Que Choisir sur la CMC, Elsa Abdoun indique que l’analyse technique sur les sulfites se base également sur des études sanitaires compilées depuis des années (l’association ayant nommé les sulfites allergènes de l’année 2024). Reconnaissant que « quand on donne un conseil, il y a une part de subjectivité », la journaliste indique que l’« on sait bien que des personnes disent que tant qu’il n’y a pas de preuve absolue, il n’y a pas de risque de cancer. Notre ligne éditoriale et notre philosophie sont de réduire le risque » en réduisant l’exposition. Ce qui conduit l’article à conseiller aux consommateurs d’opter pour les vins se passant de CMC, comme seuls deux vins étudiés en utilisant, ce qui montre la capacité à faire autrement pour la revue, et les vins réduisant les sulfites, avec en exemple les labels bio, Demeter et Méthode Nature comme ils sont plus restrictifs, alors que « le label HVE, Haute Valeur Environnementale, ne fait, lui, aucune différence ». L’article tirant à balles réelles sur la certification gouvernementale HVE, ce qui n’est pas une première pour la presse en général et l’association Que Choisir en particulier, l’Union Fédérale des Consommateurs ayant attaqué en janvier 2023 avec d’autres le label HVE pour tromperie du consommateur (action déboutée par le Conseil d’État en février 2025).

Se tirer les HVE

Titrant l’un de ses rubriques « pesticides : ne vous fiez pas au label HVE », l’article relève que « dans notre échantillon, 80 % des bouteilles non labellisées AB renfermaient au moins un résidu de pesticide reconnu ou suspecté de danger pour la santé par les agences sanitaires française ou européenne » avec pour « champion toutes catégories : le bordeaux, qui en cumulait neuf, parmi lesquels un cancérogène et deux perturbateurs endocriniens », et ce « même si "les teneurs sont très largement inférieures aux LMR [Limites Maximales de Résidus]", rappelle le producteur. Ce vin faisait partie des moins chers de notre comparatif (nous l'avons acheté 3 € chez Lidl), mais rien ne suggère, dans nos analyses, que payer plus cher réduirait le risque. »

Un peu plus positif

« Pour le HVE, c’est malheureusement un constat déjà réalisé par le passé : des bouteilles estampillées HVE peuvent être au niveau des vins bio… Comme être parmi les moins bon élèves des conventionnels » réagit Vincent Bouazza, se basant sur des milliers d’analyses passées pour souligne que « les teneurs en résidus de pesticides sont toutes très largement inférieures aux LMR respectives. Les teneurs moyennes des molécules retrouvées ont été globalement divisées d’un facteur quasiment 10 en l’espace des 15 dernières années. C’est un peu plus positif ! »

 Si, contrairement au label Zéro Résidus de Pesticide, HVE n’a pas pour engagement aux consommateurs l’absence de résidus, « les résidus sont une trace usage » relève Elsa Abdoun, la journaliste notant une très nette différence entre les vins HVE et bio, « même si pour le bio la question du cuivre se pose, d’autres labels étant plus exigeants » pour en réduire l’usage.

Bis(phénol) repetita

Au-delà des phytos, Que Choisir a aussi fait analyser les 35 vins pour « les contaminants chimiques de type bisphénol et phtalates, issus des cuves recouvertes de plastique dans lesquelles les vins sont souvent conservés » (en titrant « bisphénols et phtalates : le vin stocké dans des cuves en plastique ! » Au final, « 86 % contenaient au moins un composé chimique de type bisphénol ou phtalate, reconnu dangereux pour la santé (perturbateur endocrinien, toxique pour la reproduction...) » indique le mensuel. Pour Vincent Bouazza « les teneurs bisphénol et en phtalates sont relativement modérées. Les vins les plus contaminés sont globalement 10 fois en dessous des teneurs les plus élevées qui étaient observées il y a 15 ans.  Même si on détecte encore des traces de ces molécules, une bonne partie de la problématique a été traitée par la filière. »

Globalement sur les LMR, il s’agit d’« une limite réglementaire, pas sanitaire » balaie Elsa Abdoun, s’appuyant sur « le travail et l’expertise bâtis depuis des années par Que Choisir sur la littérature scientifique ». Soulevant l’enjeu des effets cocktails dans l’exposition à de multiples molécules « toutes en dessous des LMR, mais quid de l’exposition à toutes les molécules tous les jours ? » pose la journaliste, pour laquelle « on ne peut clairement pas exclure un risque : il existe. On peut éviter des risques supplémentaires quand on consomme bio, par exemple, si on peut se le permettre financièrement. » Sachant que « les pesticides ne concernent pas que le consommateur, mais aussi les agriculteurs et les riverains de vigne (comme l’indique PestiRiv). De fait, c’est toujours mieux de diminuer » l’usage des phytos.

Tirer à bout portant

« Les LMR sur les pesticides n’ont pas été inventés par des gens qui font du vin, mais par ceux qui calculent un risque sanitaire » réplique Sylvie Biau, qui s’agace que Bordeaux soit montré du doigt pour des résidus phytos : « Bordeaux est le premier vignoble bio ! » Affirmant qu’il faut informer les consommateurs, la docteur en Å“nologie estime qu’il faut le faire autrement : « là, c’est tirer à bout portant ».

« Que Choisir est là pour aller regarder les aspects sanitaires et environnementaux afin d’aider les gens à en tenir compte » défend Elsa Abdoun qui répète qu’après lecture, « chacun fait son choix comme il l’entend. Pour ceux que ça intéresse, on leur donne les éléments. »

L’article revendique lui-même une « approche froide et technique d'un étendard de la culture française », mais en se défendant « de mettre au pilori la filière viti-vinicole dans son ensemble : nos analyses et notre enquête démontrent qu'il est possible de produire du vin qui ne soit pas pollué par ces molécules indésirables. Nous donnons simplement aux consommateurs des pistes pour identifier les bouteilles issues des meilleures pratiques vigneronnes et souhaitons inciter les producteurs à hisser leurs crus à la hauteur de la réputation qui leur est faite dans notre pays ». Affirmant qu’il n’y a aucun bénéfice sanitaire à la consommation, même modérée, de vin, Que Choisir affirme cependant que « le vin restera probablement toujours un produit à réduire autant que possible pour sa santé ». Ce qui n’empêchera pas le mensuel de déguster et noter pour la fin d’année les champagnes.

 

* : Si l’application d’un QR Code n’est obligatoire que depuis le 8 décembre 2023, et l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation européenne liée, Que Choisir a réalisé de premiers prélèvements en 2024 sur le millésime 2023 pour avoir le temps de réaliser les tests et permettre une publication en 2025.

Appel à plus de transparence

Ayant fait l’objet d’une dépêche AFP, la publication de l’étude de la CLCV sur une centaine de contre-étiquettes note que « le QR code est le mode d’affichage privilégié (90 % des vins 2024) » et que « 96 % des vins contiennent au moins 1 additif avec un nombre qui varie entre 0 et 10, pour une moyenne de 3,5 additifs par vin (deux fois moins pour les vins certifiés bio). Les additifs les plus fréquemment utilisés sont les sulfites et les agents stabilisants, suivis par les gaz d’emballages, les régulateurs d’acidité ainsi que d’autres conservateurs et antioxydants hors sulfites. »

Au-delà du constat (disponible ici dans son intégralité), l’association de consommateurs plaide pour une meilleure « transparence et accessibilité des informations sur les ingrédients et les valeurs nutritionnelles des vins » avec la « demande aux professionnels du secteur de favoriser un étiquetage physique pour rendre l’information immédiatement disponible d’un simple coup d’Å“il contrairement au QR code ». Et alors que des manquements ont été notés, CLCV demande aux « pouvoirs publics de renforcer les contrôles sur l’étiquetage des vins afin de s’assurer de la bonne application de la nouvelle réglementation » qui serait à élargir aux autres boissons alcoolisées, notamment les spiritueux.

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