omme beaucoup de viticulteurs, Julien Franclet a vu son calendrier de vendanges chamboulé par le passage de l’orage de grêle sur ses 19 hectares dimanche dernier. « J’avais déjà rentré mes 5 hectares de sauvignons gris et blancs mais il me restait tout le reste », rapporte ce 3 septembre le gérant du domaine Séailles, à Mouchan, regrettant d’avoir décalé la récolte de son ugni blanc destiné à la production d’armagnac pour le laisser profiter de la pluie du weekend.
Levé aux aurores lundi pour faire le tour de son parcellaire, le nouveau président de Sudvinbio a retrouvé 15 à 20% de ses raisins au sol. « Et beaucoup de baies encore sur pieds mais éclatées à ramasser en urgence pour éviter la pourriture », témoigne-t-il. Non assuré contre les aléas climatiques, Julien Franclet n’a pas eu besoin d’attendre le passage d’un expert. Le branle-bas de combat a aussitôt commencé. Enchaînant ugni blanc, merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, petit et gros manseng, il ne s’est pas arrêté. « Le jour dans les vignes avec mon coéquipier, la nuit dans le chai », raconte-t-il. Aidé mardi par un ami venu avec sa machine, le vigneron a rentré sa dernière benne ce mercredi midi, « un 3 septembre, du jamais vu, alors que les vendanges auraient dû durer encore 3 semaines ! »
Faute d’avoir pu pousser les maturités, Julien Franclet ne proposera pas de vin blanc moelleux 2025 à ses clients. Et ses rouges seront plus légers pour éviter l’extraction de verdeur. « Au global, nous faisons une demi récolte, amputée de 20 à 30% par la sécheresse et du reste par la grêle », estime le vigneron, conscient d’avoir échappé au pire. « Dans des communes comme Cassaigne, certains de mes confrères enregistrent 80 voire 100% de pertes. » Malgré des vendanges précipitées, le vignerons a bon espoir de vinifier un millésime de qualité. « La météo fraîche du début de semaine nous a permis d’encuver des raisins sains et nous avons les maturités technologiques, une bonne acidité et environ 9,5% vol. alc. pour l’ugni blanc, et entre 12 et 13% vol. alc pour les rouges. »
Sans vin rouge à commercialiser depuis quelques mois faute de récolte en 2022 et 2023, Julien Franclet soufflera cet automne à l’embouteillage du millésime 2024. « Cela ne m’emmènera que jusqu’à la mi 2026 mais pas question pour autant d’avancer la mise du 2025. Je préfère gérer des ruptures de stocks que changer le profil de mes vins », explique-t-il. Ses volumes d’entrée de gamme seront quant à eux assurés par sa petite structure de négoce.
Dégats de grêle. Photos: Julien Franclet