tupeur et tremblement dans les rangs des exportateurs de vins et spiritueux à la lecture de la déclaration du président Emmanuel Macron aux Échos : sans modification des flux commerciaux chinois, « nous, Européens, serions contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes […] par exemple des droits de douane sur les produits chinois ». De quoi raviver la crainte d’une exposition de la filière viticole par Paris à de nouvelles mesures de rétorsion de la part de Pékin, alors que n’est pas fermé le dossier antidumping chinois ciblant les cognacs et armagnacs après les déclarations françaises sur les taxes européennes à l’importation de voitures électriques made in China. Tensions géopolitiques auxquelles s’ajoute la crainte d’initiatives parlementaires d’augmentation de la Taxe sur les Services Numériques (TSN), visant particulièrement les géants de ce secteur aussi appelés GAFAM, ce qui pourrait relancer la machine à menaces de taxes de la part du président américain Donald Trump (stabilisées à +15 % depuis cet été).
« Pour les deux cas, nous sommes effectivement très attentifs, s’agissant de nos deux premiers marchés, qui souffrent déjà beaucoup » souligne Florent Morillon, le président du Bureau National Interprofessionnel du Cognac, pointant que « même si nous comprenons la fermeté des positions françaises et européennes, elles ne doivent en aucun cas, nous exposer et nous mettre à risque ». Si dans la filière « on comprend comme tout le monde la nécessité d’établir un vrai rapport de force avec les États-Unis et la Chine, la seule façon de le faire est au niveau de l’Union Européenne et pas de façon individuelle et morcelée » abonde Gabriel Picard, le président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), pour qui « ce que fait la France est inefficace (seule elle ne pèse pas assez et reste inaudible), ça nous singularise, nous stigmatise et nous fragilise (en nous exposant à des représailles). C’est perdant-perdant. »
Soulignant que le fond économique du propos d’Emmanuel Macron est juste, c’est sa méthode diplomatique qui pèche pour Gabriel Picard. Avec de nouvelles sources d’inquiétudes et d’incompréhensions pour les exportateurs : « ce sont des postures politiques qui font plaisir à l’instant, mais ce n’est pas la bonne méthode » plaide le négociant, qui appelle à ne pas être le rigide chêne de la fable, mais le roseau flexible qui sait s’adapter. Et attendre son heure pour donner et non recevoir un coup de bambou ?




