ntre l’impression de visiteurs ne se bousculant pas et d’allées plus aérées avec des espaces vides, le salon Sitevi qui s’est tenu du 25 au 27 novembre témoigne de la tendance de rétractation de la filière vin. « On a le moral au ras des chaussettes, je ne vais pas voir du matériel que l’on ne peut pas payer » glissait un viticulteur de l’Hérault ne faisant pas le déplacement au parc des expositions de Montpellier, alors qu’il voit venir une nouvelle réduction de la rémunération de la récolte par sa cave coopérative. Mais la crainte d’une forte baisse du visitorat ne s’est pas réalisée.
« Je me faisais beaucoup de souci, je pensais qu’il y aurait moins de monde » témoigne Jean-Michel Egretier, à la tête du constructeur d’outils viticoles éponymes (basé à Narbonne, Aude). Certes « il y a des visiteurs du soir venus pour voir, mais il y a quelques contacts ayant des projets » souligne le spécialiste du désherbage mécanique, mais cela permet de conclure plus positivement une très difficile année 2025 : « la crise est très rapide. Elle nous est tombée dessus brutalement fin 2024. Heureusement, nous avons une autre activité de machinisme, pour l’agroalimentaire » qui pesait jusqu’à présent pour 40 % de l’activité et monte désormais à 80 % face à la baisse des commandes viticoles.
Ne faisant pas de miracle dans un contexte de crise viticole, le salon Sitevi témoigne de la volonté de projection et d’action malgré les incertitudes persistantes. « On était fébrile avant le salon, comme tout monde » indique Guillaume Schaeffer, le directeur du Sitevi, qui n’avance pas de chiffre de visitorat, mais écarte l’idée d’une baisse du nombre d’entrées et évoque une « tendance plutôt bonne dans un contexte difficile de filière » avec une forte présence d’acheteurs internationaux. « Tout le monde est très agréablement surpris. On craignait la soupe à grimace » souligne l’organisateur, pointant le « pari réussi » de la mise en avant de la diversification agricole comme thématique 2025.
Mieux que si c’était pire
« Il y a sans doute moins de monde que les autres années, mais plus que ce à quoi l’on attendait » résume pour sa part Irénée Guillarme, le responsable des petits tracteurs pour New Holland, pour qui il faut relativiser la vision actuelle de la filière : « toute la viticulture ne va pas mal, il y a aussi l’arboriculture et le maraîchage qui se portent bien. On voit plus d’arboriculture sur les stands qu’il y a quelques années, et nous suivons la tendance. » Qui a également ressenti un intérêt plus fort des visiteurs les enjeux d’autoguidage GPS et de télématique pour les tracteurs : « c’est dans période de crise que l’on enclenche les évolutions. On est dans ce cap. Pour ces solutions de gain en productivité on ne parle plus de dépenses, mais d’investissements » esquisse Irénée Guillarme, qui reste prudent sur le marché et les investissements, mais est « sûr d’une chose : on ne retrouvera pas les volumes des tracteurs vignerons d’il y a quelques années ».
« Nous ne sommes pas déçus : il y a une bonne fréquentation, très variée, venant de partout en France et à l’export. On travaille. Cela fait longtemps que venir en salon n’est plus la sortie du dimanche » rapporte Raphaële Verdier, la directrice commerciale pour la France du groupe œnologique Laffort, qui souligne que l’« on ne savait pas s’il allait y avoir une bonne fréquentation. C’est toujours la crainte quand on s’engage pour un stand plusieurs semaines avant. » Responsable du service développement et innovations de Laffort, Sami Yammine souligne les nombreuses questions posées pour se projeter sur de nouveaux profils de produits et des adaptations de la production pour réduire les coûts. Alors que toutes les charges sont rognées dans la production de vin pour chercher de la rentabilité, « les produits œnologiques sont la cible facile, on aide à prioriser selon le millésime et les objectifs si, malheureusement, il faut arbitrer » note Raphaële Verdier, confirmant la volonté de se tenir au courant des innovations et nouveautés exprimée par les visiteurs.
En la matière, pour les fournisseurs de consommables et de services, la quête de rebond semble porteuse. « Nous n’avions pas trop de craintes sur le visitorat et pas mal de clients sont passés, avec de très bons contacts et prospects » rapporte Andréa Robert, chargée de communication des étiquettes Ruel (filiale à Poitiers du groupe Firopa), qui souligne l’objectif d’accompagner la volonté de s’en sortir pour « essayer de trouver des solutions » avec l’innovation (ici la création d’une étiquette représentant une fleur dont les pétales se décollent du support une à une) et la digitalisation (avec un tableau de bord simplifiant le suivi des stocks).
Les dates de la prochaine édition ne sont pas encore communiquées, mais on sait déjà qu’il s’agira d’un Sitevi piloté par de nouveaux organisateurs, le salon 2025 étant le dernier organisé par le groupe Comexposium (propriété de Crédit Agricole Assurances et de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris) pour le syndicat français des industriels de l’agroéquipement et de l’agroenvironnement (Axema, 240 membres). Les deux anciens partenaires indiquant cet automne à Vitisphere que « le salon Sitevi 2027 sera organisé par une entreprise autre que Comexposium. Il n'y aura pas de rebooking possible sur le salon cette année. La nouvelle entreprise organisatrice reviendra vers les exposants ultérieurement au sujet des inscriptions au Sitevi 2027. »




