oumise à rude épreuve par le climat et les marchés, la filière vin ne manque pas de défis constate froidement Bernard Angelras, le président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) à l’occasion du salon Sitevi (25-27 novembre à Montpellier). Pour le vigneron des Costières-de-Nîmes -Gard), « le gros sujet aujourd’hui, c’est le cuivre. Plus de la moitié des molécules ont été retirées lors du renouvellement d’Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). » Alors qu’il y a peu d’espoir de repêchage des AMM écartées cet été par l’ANSES, Bernard Angelras ne peut que constater que « quand on regarde les molécules retirées, ce sont les moins chères. Ce sont les cuivres permettant de finir la saison à moindre coût qui ne sont pas renouvelés. » De quoi imaginer que ce sont les cuivres les moins intéressants financièrement qui ont été le moins défendus techniquement ? Concrètement, « on n’arrive pas à savoir si c’est la faute des formes qui n’ont pas assez travaillé leurs dossiers ou si les demandes de l’Anses pour l’homologation ont changé en cours de route, ce qui serait une faute à dénoncer » rapporte le président de l’IFV.
Actuellement pour les solutions cupriques dans le vignoble, « 15 molécules sont en renouvellement d’AMM en Italie et devraient passer le cap. Mais derrière l’ANSES repassera pour l’utilisation en France et si les 15 sautent, ce sera une impasse complète pour le cuivre. C’est inacceptable » prévient Bernard Angelras, notant que « même si l’ANSES est une agence indépendante, quand ils découvrent l’état actuel de la viticulture, ils nous tirent une balle dans le pied. On alerte tous sur la mise en impasse totale de la filière si rien n’est fait d’ici 3 à 4 ans et que les molécules étudiées en Italie sont supprimées. En bio, peuchère, il ne restera plus grand-chose, sans cuivre la messe est dite il n’y aura plus de production. Pour le conventionnel, les coûts de production vont augmenter, on ne pourra plus passer au cuivre après l’encadrement de la floraison aux molécules de synthèse s’il y a peu de risques de mildiou. »
Partie prenante des travaux actuels de recherche et développement d’alternatives au cuivre, l’IFV milite pour qu’il n’y ait plus d’interdiction sans solutions dont l’efficacité est avérée, techniquement et économiquement. Un autre levier tient aux vignes résistantes au mildiou et à l’oïdium. « Je crois beaucoup à l’avenir des variétés résistantes » qui « assurent la réduction des phytos et la transition agroécologique au bénéfice de tous. C’est mieux pour le portefeuille et la santé des producteurs » souligne Bernard Angelras, qui évoque les débats actuels sur l’aide à la restructuration pour compenser les surcoûts des plantations de vignes résistantes aux maladies cryptogamiques. Sachant qu’il faut également adapter le matériel végétal au changement climatique et aux nouvelles attentes des consommateurs, sans oublier l’émergence de nouveaux ravageurs… La filière vin ne manque pas de défis.



