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"La grande distribution ne balaie pas une hausse raisonnable des prix du vin"
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Pays d'Oc
"La grande distribution ne balaie pas une hausse raisonnable des prix du vin"

Validée réglementairement et louée interprofessionnellement, l’initiative d’un prix d’orientation pour les vins bio et HVE en IGP Pays d’Oc doit désormais se concrétiser : les visions des coûts de production à cranter et de pression sur les prix des acheteurs n’arrivant pour l’instant pas à se concilier. Mais la GD n’est pas fermée à une revalorisation rapporte dans cet entretien Fabien Castelbou, le président de la section des Vignerons Coopérateurs d'Occitanie.
Par Alexandre Abellan Le 11 novembre 2025
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Fabien Castelbou, il préférait parler développement de marché que de gestion de crise, mais l’urgence viticole impose de restructurer la filière avant de pouvoir la déployer. - crédit photo : Les Insenses
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omment avancent au sein de l’interprofession des vins de Pays d’Oc (InterOc) les discussions pour la communication prix d'orientation des vins certifiés agriculture biologique (AB) et Haute Valeur Environnementale (HVE) en IGP Pays d’Oc (sur six cépages) ?

Fabien Castelbou : Les premières commissions d’accord de durabilité ont permis de se mettre d’accord sur des coûts de production : c’est une avancée notable. En revanche, il y a deux visions différentes pour l’aboutissement sur des prix d’orientation qui pourraient être communiqués. Une vision dit que les prix d’orientation doivent être connectés au marché tel qu’il est en capacité aujourd’hui d’absorber les augmentations. L’autre, celle que l’on porte, attend que les accords de durabilité soient centrés sur un prix permettant de faire vivre le vignerons en tenant compte des surcoûts de leurs engagements environnementaux. Il faut donner une direction au prix du marché pour stopper la perte et la destruction de potentiel que l’on voit depuis quelques années dans notre vignoble.

 

Ces deux visions sont-elles irréconciliables ou négociables ?

Les discussions sont en cours, il n’a pas été trouvé d’accord. La Grande Distribution (GD) est l’inconnue dans ces discussions : les metteurs en marché disent que la GD demande des baisses et ne peut pas accepter de hausses. En tant que président de la section des Vignerons Coopérateurs d'Occitanie, j’ai pris la responsabilité de convoquer une réunion avec les représentants de la GD : la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA) et la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD). Nous leur avons présenté les chiffres de la production et des sorties de chai : on commence à aller vers l’équilibre entre l’offre et la demande sur nos bassins. Malheureusement, cela est dû à l’arrachage, au climat, au manque de moyens et à la lassitude des vignerons. Nous leur avons fait part de l’initiative d’accords de durabilité, en leur expliquant qu’un statu quo n’est pas possible, alors que la colère monte sur le terrain. Je l’entends dans les meetings avant la manifestation du 15 novembre à Béziers, tout le monde demande l’augmentation des prix, sinon on ne peut pas tenir.

En bons commerçants, la GD nous répond que c’est le consommateur qui décide. Nous leur avons présenté des prix d’orientation raisonnables, que je ne peux pas encore communiquer, ils n’ont pas bondi sur les prix annoncés. C’est important : la grande distribution ne balaie pas une hausse raisonnable des prix du vin. Ils reconnaissent que ce serait difficile d’absorber tout de suite une seule augmentation, mais cela montre la possibilité d’un dialogue plus large. Je vais proposer une réunion avec la GD au sein d’InterOc. Pourquoi ne pas associer la GD aux accords de durabilité qui pourraient être conclus ? La GD a la volonté de discuter et a conscience qu’avec 9 millions d’hectolitres produits en Languedoc-Roussillon et 3 millions hl en Pays d’Oc, nous avons une récolte historiquement basse alors que les coûts de production restent élevés. Il n’est pas possible de baisser les prix. Nous avons déjà une rentabilité négative, nous sommes déjà sur des prix qui ne nous permettent pas de vivre. Il faut des accords de prix d’orientation pour nous donner de la visibilité.

 

Quel est votre calendrier pour communiquer des prix d’orientation alors que la campagne d’achat de vin en vrac commence ?

Je n’ai pas de perspective de calendrier malheureusement. Nous sommes pris par le temps. Le marché va se mettre en route. Le temps presse, mais il y a encore une fenêtre de tir. L’an dernier, au 15 novembre en Pays d’Oc nous enregistrions 5 % des volumes contractualisés sur la campagne. Il faut que ça avance le plus vite possible. Le rythme n’est pas satisfaisant. À mon avis, cela aurait déjà dû être bouclé. Il y a une urgence pour trouver des solutions économiques à proposer aux vignerons alors que des manifestations approchent et que l’on risque de voir des actions plus radicales. Je travaille pour trouver des solutions et éviter des accès de colère. Les accords de durabilité sont une avancée. Ce n’est pas cette année que des augmentations de 10 ou 20 €/hl seront suffisantes avec les faibles rendements rentrés, mais ce sera une perspective positive pour l’an prochain.

Je le redis, il faut casser la dynamique de destruction de valeur sur nos territoires qui serait la paupérisation de la région Occitanie. Actuellement, on entend un discours inquiétant : "j’en ai marre, ce n’est pas rentable, ça ne vaut pas le coup de continuer dans le métier face aux aléas climatiques, la pression administrative, la pression environnementale… Je préfère prendre la porte de sortie". Il est important de donner un signal de prix pour se projeter dans l’avenir. On arrive à un moment d’interrogation et de colères sur le terrain, notre devoir c’est de donner un signal plus rémunérateur, même si ça ne suffira pas avec le niveau de rendement 2025. On est à un tournant de la viticulture, il faut donner un signal de confiance.

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