ommée ce 12 octobre pour la quatrième fois en un an ministre de l'Agriculture (sous les premiers ministres Michel Barnier, François Bayrou, Sébastien Lecornu 1 et 2), Annie Genevard incarne une forme de stabilité dans un exécutif qui en manque cruellement depuis des mois. « Sans rentrer dans des considérations politiques, avoir de la stabilité au ministère de l'Agriculture est important pour la viticulture et ce que nous avons à traiter dans les jours et les semaines à venir » pose Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Alors que la vendange est historiquement faible en 2025 (faisant flamber les coûts de production) et que les marchés se ferment (entre tensions géopolitiques pour l'export et attentisme sur le pouvoir d'achat en France), « l'inquiétude est vraiment grande dans le monde viticole » prévient le premier vice-président de la FNSEA, qui appelle à des actions d'urgence (arrachage définitif, arrachage temporaire, distillation de crise?) et des soutiens de moyen et long termes (aides à la promotion, contractualisation, segmentation, évolution de la production avec la désalcoolisation ou les cépages résistants?).
Ayant rencontré cet été les représentants de l'Association Générale de la Production Viticole (AGPV), Annie Genevard s'était engagée à les revoir après les vendanges pour fixer un plan d'action. Ce qu'elle semble évoquer sur Twitter à l'annonce de sa reconduction : « j'ai un devoir envers nos agriculteurs qui attendent avant tout des réponses immédiates, de la constance dans l'action publique, de la clarté dans les décisions et du courage pour affronter les défis ». Pour la filière vin, le défi est de résoudre la crise qui s'aggrave de jour en jour : « on demande à la ministre de recevoir la filière viticole au plus vite pour évoquer tout ce que nous avions mis sur la table et que de nombreux viticulteurs attendent aujourd'hui de voir transformer en signaux forts » rapporte Jérôme Despey.


Alors que « le pas de temp des politiques n'est pas le même que celui de la crise viticole », Jérôme Despey espère une réunion entre la ministre et le vignoble la semaine prochaine pour faire le point. Notamment sur la demande française de mobilisation de la réserve de crise pour financer l'arrachage définitif, une requête envoyée début septembre par Annie Genevard à la Commission européenne. Demandant 200 millions d'euros à minima de Bruxelles, le viticulteur languedocien appelle également la France à sécuriser un budget de cofinancement. Ce qui pourrait être acté dans le prochain projet de loi de finances : le budget 2026. Du moins si le gouvernement et l'Assemblée nationale tiennent?
En l'état, « la stabilité doit amener un certain nombres de réponses aux viticulteurs » plaide Jérôme Despey. Il faut dire que les demandes de soutiens sont répétées depuis des mois et que la marmite de la colère vigneronne bouillonne. « Je suis préoccupée. L'élément de la récolte a été un détonateur qui amène les viticulteurs dans une situation anxiogène. Il faut apporter une réponse, sur le court-terme et sur le moyen à long-terme. Cet équilibre est important » reconnait le président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault.
European Wine Day
En attendant un prochain rendez-vous entre les vignerons et leur ministre, la filière prendre part ce mardi 20 octobre à la Journée européenne du vin à l'hôtel de région de Strasbourg : y est attendu le commissaire européen à l'Agriculture, Christophe Hansen.