e conseil spécialisé vin vient de se réunir ce 8 octobre : où en est le sondage sur le besoin en arrachage définitif ? On dit qu'il y a beaucoup de demandes?
Jérôme Despey : Le sondage se termine dans 2 jours. On dit en effet qu'il y a pas mal de demandes? Les éléments seront donnés aux professionnels et à la ministre quand les chiffres seront consolidés. Les services continuent à travailler, mais il n'y a pas de décisions qui sont annoncées. Il reste beaucoup de mesures demandées en attente d'un gouvernement. Il y a beaucoup d'incertitudes. On essaie de faire avancer les dossiers dans une situation dégradée : on fait avec. Le conseil spécialisé a beaucoup parlé de conjoncture, avec les prévisions de récolte (36 millions d'hectolitres) et les éléments de stocks (-200 000 hl en un an). D'après des retours de terrain, la vendange française sera sans doute inférieure à 36 millions hl : l'une des plus petites récoltes de l'histoire. Cela doit obligatoirement amener à des prix relevés par rapport à la situation de la production.
Où en est la demande d'accès aux fonds de la réserve de crise pour financer l'arrachage ? La Commission européenne ne semble pas allante?
La Commission ne peut pas se détourner alors que le paquet vin est en cours de finalisation. La France réclame de l'arrachage et de la distillation, que la Commission dise que les éléments budgétaires ne la concernent pas, c'est inacceptable. Il faut que le futur nouveau premier ministre tape du poing sur la table pour obtenir les crédits de réserve de crise et financer l'arrachage. Sinon, ça ne va pas bien se passer. Ce n'est pas une menace, c'est le constat du secteur agricole le plus durablement touché par des circonstances multifactorielles. Il faut des réponses concrètes, c'est le premier sujet que le ou la ministre de l'Agriculture devra traiter pour peser sur l'Europe. Par définition, la réserve de crise sert à répondre aux déstabilisations de marchés. Nous avons tous les indicateurs qui le montrent.
Ce que je sais, c'est que la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a demandé la réserve de crise pour la filière viticole. On comprend au conseil spécialisé que la situation politique vienne perturber le travail pour obtenir un certain nombre de réponses. Mais il y a urgence : le temps des discussions politiques n'est pas le temps de la crise viticole. Dans la filière il y a de l'anxiété, il y a des situations particulièrement difficiles, il y a besoin d'avoir des réponses. Nous demandons un dispositif d'arrachage définitif pour les vignerons en difficulté qui soit doté d'a minima 200 millions d'euros, combinant des crédits nationaux et européens. Voire une combinaison de distillation et d'arrachage à préciser selon les résultats du sondage et l'orientation des crédits. Sans oublier de garder des budgets dans la Politique Agricole Commune pour la conquête de parts de marché (dans l'OCM vin), développer la contractualisation, ne pas avoir de prix en dessous des coûts de commercialisation en stoppant la prédation que l'on voit en foire aux vins, reprendre la restructuration des crédits qui ne fonctionne pas?
On sent une tension croissantes après les vendanges dans la filière : la situation est-elle explosive ?
Oui, d'abord parce que l'on est des producteurs. Quand on rentre chez soi après ces vendanges, les vignerons sont dans une situation où le moral n'y est pas, où l'on n'a pas récolté au potentiel de production, ce qui se répète pour certains depuis plusieurs années, avec des prix qui ne sont pas en adéquation avec la faiblesse de la production. Il faut travailler sur les relations commerciales avec des orientation de prix pour qu'il n'y ait pas de ventes en dessous des coûts de production. Nous devons favoriser la contractualisation, la segmentation de marché, l'adaptation aux nouveaux besoins comme avec la désalcoolisation, l'accélération sur les cépages résistants? Et puis déployer des mesures d'urgence : la demande de réserve de crise pour l'arrachage/distillation et la conquête de parts de marché. Cette demande est partagée par tout le monde au sein du conseil spécialisation. Il faut maintenant avoir un gouvernement et un ministre pour avancer dans cette situation politique que nous subissons.