Il faut que ça s’arrête » lance le porte-parole du collectif Viti 33. Ce lundi 29 septembre à 17h30 dans une salle de la mairie de Pian-sur-Garonne, son maire, Didier Cousiney, fait allusion au suicide d’un viticulteur, le mardi 23 septembre. Autour de la table un petit noyau de parlementaires girondins et des représentants de la filière ont répondu à son invitation, dans l’urgence. « Il va falloir travailler main dans la main. Il faut que vous fassiez quelque chose. Il faut lever la pression exercée par les administrations, qu’il s’agisse de la MSA, des banques. Un paysan ne se suicide pas. On l’assassine. Que pensez-vous faire ? Nous, on nous laisse tomber ». Didier Cousiney regarde l’assistance et pour enfoncer le clou, évoque son propre cas. « Je devais de l’argent à la MSA. Au global entre la MSA et la banque, ils m’ont piqué 15 000 €. » On n’en saura pas plus.
Visages compatissants, députés et sénateurs du département écoutent religieusement. Le silence qui suit, est vite rompu par le viticulteur et négociant Renaud Jean, membre du collectif Viti 33, qui avance deux propositions lesquelles ne couteraient rien à l’Etat : la protection des contrats amont au sein de la loi Egalim et la création d’Organisations de producteurs (OP) dans le but de planifier et d’organiser le marché du vin. La sénatrice Florence Lassarade, membre des Républicains, s’étonne et demande pourquoi le décret concernant les OP n’a pas été signé. « La ministre de l’Agriculture voulait que tout le monde soit d’accord. Or le syndicat des vignerons indépendants ne l’est pas » lui répond Renaud Jean. Bernard Farges, le président du Conseil interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), acquiesce d’un hochement de tête.


De son côté le sénateur Hervé Gille, membre du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, explique posément qu’il faut « jouer la partie de façon collective » au Sénat et à l’Assemblée nationale. Et de proposer d’utiliser l’espace transpartisan. « Il y a une voie à trouver au niveau parlementaire » répète-t-il . Et d’enchainer sur un point délicat : comment gérer les situations dramatiques ? « C’est en tout cas un constat d’échec de la cellule de crise mise en place par le préfet et à laquelle nous ne sommes pas associés ».
Pendant ce temps, Bastien Mercier, du collectif Viti 33, fait circuler autour de la table, une note censée reprendre des éléments du constat dressé par la Cour des Comptes sur la MSA : on y retrouve notamment la difficulté à adapter ses services aux nouvelles formes de précarité, un manque de suivi dans les dossiers avérés en difficulté et de souffrance psychique rencontrée dans le milieu agricole. « Le rapport de la cour des comptes est accablant. Pourquoi ne pas lancer une enquête parlementaire au niveau de la MSA ? » interroge-t-il.
Une loi pour la rémunération viticole
Pascal Lavergne, ex-député du groupe Renaissance, se demande s’il ne faudrait pas une meilleure maîtrise des volumes de production. Vient sur le tapis la question de la rémunération des viticulteurs. Bernard Farges, rappelle qu’il serait pertinent de monter une proposition de loi (PPL) avec un texte qui pourrait rassembler tout le monde et d’espérer un dispositif qui renforce le revenu des agriculteurs. « Nous portons ce dossier avec la Fédération des producteurs laitiers et bovins » indique- t-il.
La députée Edwige Diaz, vice-présidente du Rassemblement National, depuis le début de la réunion, prend des notes. Restée silencieuse jusqu’alors, elle déclare que sa famille politique s’est battue pour qu’il n’y ait pas de hausse des taxes sur la viticulture. Il n’en faut pas plus pour que Renaud Jean sorte de ses gonds : « Je ne vous permets pas de profiter de cet espace ». Il est vite arrêté par Didier Cousiney qui, voix forte, rappelle qu’il souhaite une réunion « digne ». Edwige Diaz tente d’expliquer qu’elle est favorable à l’évolution de la loi Egalim.


Il est 19h30, quelques parlementaires se sont échappés. Bernard Farges martèle que les OP, la loi Egalim, le soutien que pourraient apporter les banques : autant de sujets qui peuvent être portés de façon transpartisane. Hervé Gille renchérit : « s’il y a une vraie volonté d’apporter des réponses, il y a aura une possibilité ». Didier Cousinez sourit : « J’espère que vous parlerez d’une seule voix. Le combat est long. On reviendra vers vous » promet-il. La séance est levée.