Û « Ma mère m’a éduquée pour être une femme indépendante, mais elle m’a aussi dit de ne jamais travailler dans l’agriculture ». C’est ce que confie Amandine Toulza, 36 ans.
Elle est installée depuis 2011 avec son époux Jean-Sébastien à La Caliard (Gard). Ils gèrent tous les deux les 21 000 mètres carrés de serres maraîchères du site occitan de l’entreprise Fraunié Plants.
Si son père et sa mère, d’origine réunionnaise, ont mis Amandine en garde, c’est qu’ils ont dû arrêter l’élevage de veaux car ils n’en vivaient plus dignement. « C’est courageux de se dire on arrête. Ce sont eux qui m’ont appris à être résiliente », raconte l’agricultrice.


« Les femmes sont puissantes »
Une capacité à faire face aux obstacles qui a été un atout majeur pour Amandine Toulza quand elle a rejoint Fraunié Plants, l’entreprise de sa belle-famille. Elle a parfois eu du mal à être prise au sérieux. « Il faut travailler dur et faire ses preuves », raconte l’agricultrice qui avait parfois l’impression d’être « une potiche ».
Amandine s’est affirmée pour être vue comme la patronne, à égalité avec son époux. Elle a parfois dû hausser le ton, malgré sa timidité. « Bien que j’ai très tôt été confrontée aux remarques racistes, dues à mes origines réunionnaises, et sexistes je ne répondais pas. J’ai été éduquée à ne pas me faire remarquer. Dans mon métier, j’avais donc tendance à ne rien dire. Mais à force de tout garder pour soit, la cocotte-minute explose. Donc il vaut mieux s’exprimer et se faire entendre », relate-t-elle.

Si être une femme racisée a parfois été un obstacle, l’agricultrice juge qu’elle a su en faire une force. « Les femmes sont puissantes, elles ont une énorme capacité d’adaptation car elles doivent ouvrir des portes fermées », appuie Amandine qui met un point d’honneur à toujours voir le positif, même dans les obstacles.
Sa résilience a aussi permis à Amandine de faire sa place sur l’exploitation familiale. « Quand un conjoint arrive sur l’exploitation familiale il faut qu’il puisse apporter sa touche perso », explique l’agricultrice.
Puisant dans ses racines réunionnaises elle a diversifié les plants proposées par la pépinière en intégrant notamment plants aromatiques et fleurs comestibles.
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L’agricultrice ne plante pas que des graines en travaillant la terre, elle le fait aussi en transmettant ses savoirs. Elle a monté l’association Terreattitude qui propose une boîte à outils aux consommateurs pour leur permettre d’appréhender l’origine de leur alimentation mais aussi « faire germer une voie agricole pour les futures générations ».
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