Cocorico

ne polémique qui fait pchitt

Il n’y a rien que les anglo-saxons aiment comme quand nous manifestons notre esprit gaulois. Decanter  et Wine Searcher, The Telegraph et le site Foodandwine  se sont donc emparés de la nouvelle autenthiquement locale: « Le Tour de France sera sponsorisé par une maison de vin chilienne, les producteurs du Sud de la France menacent de bloquer la course ». Rory Mulholland, le correspondant du Telegraph à Paris semble s’être bien amusé : « Il y a pire comme sponsor pour le Tour de France qu’un vin dénommé Bicicleta. Mais la discrète mention « Made in Chile » a eu l’heur de déplaire aux vignerons français qui menacent de bloquer la course s’il n’est pas remplacé par un vin local ». Pointant le ridicule, il précise : « La promotion du vin de la maison Cono Sur est prévue seulement quand la boucle fera de courtes incursions en Suisse, en Andorre, et en Espagne, la législation sur la publicité pour l’alcool ne l’autorisant pas en France ». Comme toujours la fronde est venue des vignerons du Midi, toujours promptement blessés d’orgueil. WineSearcher cite Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude : « Nous sommes humiliés … Nous faisons des vins prestigieux et le Tour est un héritage sportif et culturel, par conséquent nous aurions dû y être associés ». On apprend aussi dans Wine Searcher que « Cono Sur a signé en février 2015 un partenariat avec le Tour de France ». Dans Decanter Chris Mercet prend soin de préciser : « Le Languedoc-Roussillon est le siège du groupe de vignerons militants du CRAV responsables ces dernières décennies d’attaques intermittentes contre les investissements étrangers ». Néanmoins, « la guerre du vin n’aura pas lieu ». Le Point  annonce : « Pour apaiser les esprits échauffés des viticulteurs du Sud-Ouest, qui menaçaient de bloquer l'épreuve, le patron du Tour Christian Prudhomme est venu jeudi à la rencontre des professionnels sur le Salon de l'Agriculture (…) Un accord a été trouvé qui permettra aux viticulteurs des régions traversées l'été prochain de présenter leurs productions au Village du Tour, a indiqué Christian Prudhomme à l'AFP. "On a discuté de la possibilité de faire venir les viticulteurs aux villages départ et arrivée à chaque étape », a expliqué Christian Prudhomme. Ce dernier s’est déclaré, « étonné » de cette soudaine polémique alors que l'accord avec les vins chiliens date de 2014 ». Dans Vitisphere , Marion Ivaldi se demande : « La polémique du Tour de France avait-elle une raison d’être ? Depuis un an, Jérôme Despey, vice-président de la FNSEA, et Amaury sport organisation travaillent ensemble pour offrir aux vins de France une visibilité sur le Tour de France ».

Il y a 40 ans Montredon en Languedoc

Hasard objectif ? Le quotidien régional Midi Libre ( rappelle qu’il y a 40 ans, le 4 mars 1976, un policier et un viticulteur ont été tués à Montredon dans l’Aude lors d’une manifestation. « Pour moi, Montredon c’est une scène de guerre », rapporte François Barrère dans son reportage. Le journaliste signale la parution d’un livre « sur la tragédie de Montredon » écrit par l’ancien capitaine de la CRS d’Avignon, Alain Crosnier. C’est « vu du côté des forces de l’ordre ». Et cela commence ainsi : « Au plus haut niveau de l’État, on savait exactement ce qui allait se passer et que les viticulteurs allaient manifester avec des fusils ». Il fut tiré « 220 cartouches de pistolet automatique et de pistolet mitrailleurs et cinq coups de fusil 8 mm». Les événements seront commémorés ce dimanche. L’Express  souligne : « 40 ans après, l’affrontement sanglant de Montredon résonne toujours ». Le magazine cite à nouveau Frédéric Rouanet, président du Syndicat des vignerons de l'Aude: « Si Montredon a tué le mouvement, au moins temporairement, il a sauvé la vigne languedocienne (…) Sans Montredon, il n'y aurait plus de vigne ici. Il y avait un plan de bétonner le Midi. Les anciens de Montredon ont été les premiers à dire attention à l'Europe et ils ne se sont pas trompés ».

La ville du vin nature

Une photo aérienne de Paris et la tour Eiffel fait cette semaine la Une de Wine Business International. Selon Christian Holthausen Paris serait « la ville du vin nature », et c’est une façon de décrypter le phénomène. « Demandez à un amateur de vins nature de n’importe où dans le monde où il a découvert le vin nature, il vous répondra invariablement : Paris. Comment Paris est-il devenu le centre spirituel du vin nature ? Sa proximité avec les chefs de file des producteurs de vin nature a incontestablement joué un rôle, mais il y a une évolution parallèle entre la transformation de plusieurs régions viticoles et la métamorphose de « la Ville lumière » au cours des vingt dernières années ». Cet article de fond, passionnant, découvre la trame du métier à tisser des lieux emblématiques et du rayonnement des personnalités, notamment Jules Chauvet et Alice Feiring. Il constate : « Un groupe de chefs, restaurateurs et de vignerons ont réinventé Paris. Le vin nature n’aurait pas connu un tel succès si tous ces protagonistes n’avaient pas en commun de parler anglais, d’avoir vécu à l’étranger, et d’aimer partager la mixité des cultures dans des bars à vin ». Au point d’évoquer une « French connection ».

Les vignobles qui auront la cote dans 50 ans

A partir des données de la Safer, le magazine Decanter  a fait son pense-bête des vignobles qui auront la cote dans 50 ans. On notera qu’Andrew Jefford s’arrête sur des « micro-vignobles », selon le principe intangible du « rare et cher ». Il retient notamment Condrieu pour son viognier et l’explique ainsi : « Il n’y eut que 19hl de Condrieu en 1969, l’équivalent de 2500 bouteilles, et en 1971 une bouteille de Condrieu valait 7 francs, le prix d’un kilo de cerises ( …) soit l’équivalent de 7€ aujourd’hui. Ce mois-ci on trouvait chez Berry Bros ans Rudd du Condrieu à 100£ la bouteille, quatorze fois son prix il y 50 ans ». Le journaliste a également retenu Cairanne, Saint Péray, aussi dans le Rhône, Lalande de Pomerol à Bordeaux, Menetou Salon dans la Loire, Cahors dans le Sud-Ouest, et Maury sec dans le Roussillon. Voilà qui intéressera les investisseurs de tous poils.

Local

Mode de distribution authentiquement hexagonal, les cavistes se portent bien. Selon Vitisphere , « Malgré une année très mouvementée, et de vraies disparités, le chiffre d'affaires moyen des cavistes reste solide et a même réussi à progresser ». En moyenne, le chiffre d’affaires s’est élevé à 378 111 € HT en 2015, soit une augmentation de 2,2 % par rapport à l’an passé ». Planté sur les toits terrasse de Brooklyn, le vignoble new-yorkais est aussi très local. On le découvre dans le Wine Spectator. « Quel goût a le terroir de Brooklyn ? On pourrait le découvrir l’année prochaine (…) Une nouvelle winery, Rooftop Reds, a l’ambition d’être le premier vignoble planté avec des cépages de Bordeaux sur les tois de Brooklyn ». L’initiative en revient, et on ne s’en étonnera pas, à deux jeunes Devin Shomaker, 31 ans, et Chris Papalia, 23 ans, étudiants en technologie du vin. Ils arguent que « leur terroir bénéficie de courants d’air, de températures clémentes et d’une longue saison s’étalant de 215 à 230 jours ». On parlera de l’idée de prendre de l’altitude.