Marquant une évolution de la réglementation vitivinicole européenne face à la crise frappant le secteur, le paquet vin validé début décembre par la Commission, le Conseil et le Parlement européens, met notamment à jour les dénominations pour les vins désalcoolisés en remplaçant « vin désalcoolisé » par « vin sans alcool » pouvant être accompagné de « 0,0 % » pour les vins désalcoolisés titrant entre 0 et 0,5°.alc. Si la mention « vin à teneur réduite en alcool » remplace la catégorie « vin partiellement désalcoolisé »,pour les vins désalcoolisés affichant 0,5 à 6°.alc, est moins appréciée par la filière (la dénomination étant plus descriptive que commerciale, et le terme réduit pouvant également être négatif, notamment dans d’autres langues, comme l’italien où ridotto est péjoratif), il y avait une crainte : l’ouverture d’une faille pour les produits désalcoolisés titrant entre 6 et 9°.alc, précédemment inclus dans les « vins partiellement désalcoolisés », qui auraient pu sortir de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin).
Alertée par le Comité Européen des Entreprises du Vin (CEEV), la Commission européenne vient de lever la crainte, en déclarant au négoce qu’il n’y avait pas de faille : les vins désalcoolisés entre 6 et 9°.alc peuvent être étiquetés comme "vins produits par désalcoolisation", sans utiliser de termes faisant référence à une teneur en alcool réduite par rapport à leur catégorie d’origine (il faut au moins 30 % de réduction, le degré plancher pour un vin étant 8,5 ou 9°.alc selon les zones géographiques européennes, soit le Nord et le Sud de la Loire en France).
De quoi rassurer le secteur, mais pas forcément le satisfaire intégralement. Ces nouveaux changements de dénomination demandant des adaptations alors que le marché se construit. « Ce n'est pas le fait de changer "vin désalcoolisé" en "vin sans alcool" qui va vraiment faire décoller la catégorie dans un monde où un certain nombre d'acteurs de la filière continuent à dire que ce n'est pas du vin ! » indiquait récemment à Vitisphere Stéphane Brière, le président du collectif français no/low. L’expert pointant que « demander que le TAV soit inférieur à 0,05% pour pouvoir étiqueter 0,0 % va ajouter une contrainte aux opérateurs sans réelle valeur ajoutée pour le consommateur, car à ces niveaux là les appareils de mesure atteignent leurs limites. C'est une mauvaise réponse à un problème qui n'existe pas ou une façon déguisée d'éliminer la catégorie vin de France désalcoolisé à 0,0 % qui est pourtant attendue sur certains marchés. »
Si Stéphane Brière regrette des barrières au développement de l’offre, il pointe qu’« il ne faut pas tout attendre du législateur. La catégorie émergera si les acteurs de la filière le veulent, ce qui bloque aujourd'hui n'est pas lié à la législation, mais à la mise en marché. Heureusement nous voyons apparaître quelques bonnes initiatives dans la grande distribution et les réseaux de cavistes traditionnels ainsi que chez les professionnels de la restauration qui ont tendance à nous rassurer, cette évolution va de pair avec la montée en gamme et la diversité de l'offre. »




