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Les arrachages de vignes "font craindre la perte du savoir-faire français, le non-renouvellement des générations et hypothéquer l’avenir de notre filière"
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Les arrachages de vignes "font craindre la perte du savoir-faire français, le non-renouvellement des générations et hypothéquer l’avenir de notre filière"

Le constat est sans appel pour les vins de base mousseux : "il n’est pas possible de trouver en France certains vins nécessaires pour satisfaire une demande sur notre territoire" constat Franck Ribayre, le nouveau Président du Syndicat Français des Vins Mousseux (SFVM), pointant dans cet interview que "les vins sans indication géographique destinés à la prise de mousse ne peuvent pas être les excédents d’AOP ou d’IGP bradés. C’est intenable pour la viticulture et inutilisable pour l’élaboration des vins à bulles"
Par Alexandre Abellan Le 27 décembre 2025
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Les arrachages de vignes
« Les campagnes de distillation et d’arrachage menées ces dernières années ont essentiellement traité la problématique de l’offre et ont montré leurs limites » souligne Franck Ribayre, pour qui « il est désormais temps d’adopter des mesures fortes pour soutenir et activer la demande, et de rééquilibrer la gouvernance pour aller vers une gestion conjointe ». - crédit photo : DR
L

a filière des vins français est en pleine mutation, quelle est votre grille de lecture de ses défis prioritaires : le rééquilibrage entre offre et demande, l’adaptation au changement climatique, la préservation des marchés à l’export ?

Franck Ribayre : La crise viticole que nous traversons étant multifactorielle, il n’y a bien évidemment pas une seule solution miracle mais bien plusieurs leviers d’activation. Les consommateurs de vin changent, leur goût et leur mode de consommation évoluent. À nous donc d’adapter notre offre à ces nouvelles demandes et pas seulement quantitativement mais bien qualitativement. Pour cela, nos règles doivent également évoluer et nous devons faire preuve d’agilité pour conserver certes un cadre qui garantit un niveau de qualité à nos produits, mais également des marges de manœuvre d’adaptation rapide aux mutations en cours pour rester compétitifs sur des marchés concurrentiels. Pour ce qui est de l’export, notre ambition ne doit pas être de seulement préserver nos positions, mais bien d’étendre notre rayonnement et de faire briller le savoir français vers de nouvelles destinations, initier de nouveaux consommateurs au goût de nos produits tout en s’imprégnant de leur propre approche culturelle du vin. Les verrous douaniers ou réglementaires restent des freins mais la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), par exemple, œuvre au quotidien pour faciliter les choses et faire entendre à nos gouvernants les enjeux de l’export pour la filière des vins et spiritueux.

 

La quête de diversification actuelle du vignoble peut-elle booster la production de vins mousseux ou faut-il faire attention aux équilibres offre/demande pour ne pas créer de crise ?

Le vin comme "ingrédient" — et pas uniquement comme produit fini — reste un concept qui peut surprendre en France. Pourtant, c’est un débouché d’avenir pour des vignobles qui doivent réorienter leur offre. Mais ce vin-ingrédient n’est pas un rebut : c’est un produit technique, qui répond à des spécifications précises (récolte anticipée pour préserver l’acidité, faible Titre Alcoométrique Volumique, SO₂ bas pour permettre la refermentation…). Il ne peut donc pas être constitué des excédents d’AOP ou d’IGP que l’on chercherait à écouler. Les rendements élevés et la mécanisation permettent en revanche d’atteindre des modèles économiques viables. La diversification peut être une opportunité, mais seulement si elle repose sur une compréhension fine des besoins réels : sinon, on recrée des déséquilibres offre/demande.

 

Face aux dispositifs de réduction de l’offre (surfaces viticoles et stocks de vin), craignez-vous qu’à terme le vignoble français ne produise pas assez de vins pour répondre aux besoins en vins effervescents ? Est-il trop tard pour rattraper le wagon du Prosecco ?

C’est malheureusement déjà le cas : il n’est pas possible de trouver certains vins nécessaires pour satisfaire une demande sur notre territoire national, et de nombreux opérateurs se tournent vers l’Espagne, l’Italie ou l’Europe de l’Est. Souvent pour des raisons économiques, mais également pour des raisons techniques. Les vins sans indication géographique destinés à la prise de mousse ne peuvent pas être les excédents d’AOP ou d’IGP bradés. C’est intenable pour la viticulture et inutilisable pour l’élaboration des vins à bulles. Le vin de base en tant qu’ingrédient pour la seconde fermentation est un produit sur mesure avec des exigences définies. Et donc au-delà du manque actuel déjà identifié, des pertes de surfaces supplémentaires font craindre la perte du savoir-faire viticole français dans nos exploitations, le non-renouvellement des générations de viticulteurs et à terme hypothéquer l’avenir de notre filière toute entière.

Pour ce qui est du Prosecco, la question n’est pas tant de « rattraper » le wagon, qui repose sur une dynamique propre, que de maintenir en France les volumes et les compétences nécessaires. Et aujourd’hui, le déficit est réel. Nous pouvons par contre nous inspirer de la réactivité et de l’agilité des Italiens pour adapter leur vignoble au développement de ce marché et promouvoir leurs produits.

 

Le négoce regrettait récemment que le ministère de l’Agriculture ne l’implique pas dans les réflexions actuelles sur le paquet vin en particulier et la sortie de crise en général. Partagez-vous cette frustration ? Quelles sont les aides à apporter à la filière pour vous ?

L’important et l’urgent est de faire avancer la situation. Le négoce a fait passer ses points et ses demandes sur le paquet vin aux représentants du Ministère et nous espérons que la France soutiendra ces positions. Le négoce est en prise directe avec les marchés en France comme à l’export, et donc avec les consommateurs. Il identifie les besoins, capte les changements de tendance et peut apporter des orientations structurantes pour l’avenir de la filière.

Les campagnes de distillation et d’arrachage menées ces dernières années ont essentiellement traité la problématique de l’offre et ont montré leurs limites. Il est désormais temps d’adopter des mesures fortes pour soutenir et activer la demande, et de rééquilibrer la gouvernance pour aller vers une gestion conjointe.

 

La production demande des prix rémunérateurs à ses acheteurs, comment peuvent se positionner les vins mousseux dans la conjoncture actuelle où la GD demande des réductions ?

L’une des clés est de changer de paradigme entre la vision du prix à l’hectolitre et celle du revenu à l’hectare. Toutes les cultures végétales peuvent s’ajuster en jouant à la fois sur le rendement et sur le prix unitaire : pourquoi pas la vigne ?

Le succès grandissant des vins de France en est la parfaite illustration. Certains vins reposent sur des rendements faibles et une forte valorisation et c’est tant mieux. D’autres vins doivent trouver leur équilibre dans des rendements généreux et un prix à l’hectolitre plus accessible. C’est aussi par ce biais que des vins moins alcoolisés et bon marché peuvent être élaborés pour être consommés tel quel ou en mélange avec d’autres ingrédients pour proposer des alternatives aux consommateurs et conquérir de nouveaux instants ou modes de consommation.

 

Le no-low est-il une source de développement d’avenir ou tout au plus une niche ?

La consommation des vins mousseux n’est pas la même que celle des vins tranquilles. Les moments de consommation, souvent festifs, doivent rassembler le plus grand nombre, y compris les consommateurs qui ne souhaitent pas consommer d’alcool ou consommer moins d’alcool. Le champ des possibles est immense pour répondre à chaque besoin des consommateurs, lorsque l’on ouvre les possibilités. Ainsi des alternatives en versions no-low sont intéressantes comme le sont les boissons à base de vin, les cocktails, etc. Le segment du no-low ne doit pas être vu comme LA solution à tous les maux de la profession, mais il fait indéniablement partie de l’équation pour remettre la filière à flot.

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