Un domaine viticole qui licencie 2 ou 3 salariés, ça ne se voit pas. Mais quand on cumule… » laisse en suspens Thomas Puig, le représentant des salariés de la filière viticole au conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, rencontré à l’occasion du salon Sitevi. Constatant que les plans sociaux et licenciements deviennent de plus en plus fréquents dans la filière vin, le responsable amont de cave coopérative languedocienne souligne qu’il est difficile de chiffrer l’ampleur des pertes d’emploi dans le vignoble. Mais sachant que le vignoble français s’étend sur 750 000 hectares pour 440 000 emplois directs et indirects, il y a 1 salarié pour 1,7 ha de vigne et avec les campagne d’arrachage passées et futures, la réduction de 61 000 ha mettrait 35 000 salariés sur le carreau. « Le calcul vaut ce qu’il vaut, mais cela permet de voir que l’on sous-évalue l’impact sur l’emploi de l’arrachage de vignes » souligne Thomas Puig.
Dans le plan national de crise tout juste annoncé, « la priorité est mise sur les exploitants, et je le comprends, mais on ne parle pas des salariés. Il faudra rapidement nous inclure dans les discussions. L’ensemble des parties prenantes doivent être réunies. Tout le monde est concerné » souligne Thomas Puig, d’autant plus sur le salon Sitevi où se réunissent producteurs, fournisseurs et prestataires : c’est « une filière araignée. Toutes les branches sont impactées, sur tous les territoires. Certains peuvent se vider de leurs populations » en perdant la vigne qui fait vivre le tissu économique. « Il est difficile de retrouver un emploi similaire. Il y a besoin d’accompagnement sur l’ensemble des postes. Il faut trouver des solutions de reclassement, d’accompagnement, de formation… » indique le représentant des salariés.
« Une campagne d’arrachage est une bonne chose pour aider ceux qui le veulent à s’arrêter, mais il faut aussi soutenir ceux qui veulent s’engager et continuer. Les politiques prennent des décisions qui donnent plus une vision d’arrêt d’activité. Je dis et je scande que notre filière est une filière d’avenir, il faut pouvoir lui en donner les moyens » porte Thomas Puig, qui sensibilise sur d’inquiétants signaux d’alerte : « la filière est en tension, la situation psychologique des salariés se dégrade. On voit de plus en plus de burn-out. Un stade où l’on ne peut plus se lever pour aller travailler. Les salariés ont peur pour l’avenir et le mal-être est en train d’augmenter chez les viticulteurs et salariés. » Pour les personnes en difficulté, un réseau d’élus MSA est dédié à la prévention et à l’accompagnement du burn-out, un sujet récent dans le monde viticole souligne Thomas Puig. Qui partage avec le vignoble l'objectif de ramener de la rentabilité dans la production et la commercialisation de vin pour que les entreprises puissent regagner en sérénité, pour leurs dirigeants et leurs salariés.




