’une des mesures phares du récent rapport que vous cosignez est la tenue d’Assises de la viticulture : l’intégration des questions viticoles dans les conférences de la souveraineté répond-il à cette demande ?
Henri Cabanel : Il faut des assises spécifiquement liées à la viticulture pour mettre autour de la table production et négoce. Le problème de la filière vin est le manque de stratégie entre l’amont et l’aval. Il faut un consensus. Je suis convaincu que la filière vin a un avenir si elle réfléchit à une stratégie prenant en compte la baisse de la consommation et le changement climatique. Dans toutes les visites que nous avons menées lors de la commission, on s’aperçoit que les situations sont hétérogènes entre les régions et au sein d’une région. En Languedoc, des caves coopératives ont établi les bons constat et ont construit une stratégie qui marché malgré les difficultés (inflation, baisse de la conso…).
Votre rapport propose de conditionner les aides viticoles : s’agirait-il des aides à l’arrachage (financées sur fonds français) et à la distillation (à valider par la Commission européenne) ?
Conditionner les aides, c’est incontournable dès maintenant. Arrachage et distillation doivent être conditionnés, sinon c’est un puits sans fond. Ce n’est pas la première fois qu’on finance de l’arrachage et de la distillation, les résultats ne sont pas là. Si une cave coopérative veut distiller 10 000 hectolitres, il faut convertir ce volumes en hectares qu’elle ne peut pas vendre afin de les arracher. Si on ne le fait pas, dans 2 à 3 ans il faudra remettre la main à la poche et les citoyens ne vont plus en pouvoir. Et je le comprends. La filière vin n’a pas retenu les leçons du passé et n’a pas construit de stratégie. On est sur une culture pérenne et il faut prendre de la hauteur pour penser et réfléchir avec tous les acteurs de la filière. On a besoin du négoce et de la Grande Distribution (GD). Il faut arrêter de considérer le négoce et la GD comme des ennemis.
Votre rapport ne laisse pas indifférent l’amont comme l’aval de la filière…
La viticulture est hétérogène. Notre but n’était pas de faire plaisir à tout le monde, mais de créer un électrochoc pour que chacun assume ses responsabilités. Il faut arrêter de donner de l’argent pour planter, irriguer, arracher… C’est fini, surtout dans l’état actuel des finances publiques. La filière vin doit se reprenne en main. Les pouvoirs publics et politiques le disent : c’est la filière qui s’en sortira par elle-même.



