ontestable dans le fond, déloyal et approximatif concernant les ingrédients et résidus d’un vin, la dernière campagne de communication "le vin : ce que votre bouteille ne vous dira jamais !" d’Addictions France est aussi critiquable sur la forme pour l’association Vin & Société. Réagissant vendredi 14 novembre dans un communiqué aux publications sur Facebook et Instagram d’Addictions France ce vendredi 7 novembre, Vin & Société épingle « une communication radicale, fondée sur des affirmations erronées et sans lien direct avec la mission de prévention des risques de dépendance dévolue à cette association [Addictions France], qui revient à condamner toute consommation de vin, même modérée. » Et ce alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient d’entériner un positionnement plus modéré que craint en matière de consommation de boissons alcoolisées.
Estimant que « cette dernière attaque [d’Addictions France sur le contenu des vins] n’est pas un simple dérapage », Vin & Société note que « plusieurs orientations promues par l’association s’affranchissent totalement des politiques publiques : rejet de la notion de modération, promotion de l’abstinence, actions de lobbying visant la filière viticole, plaidoyer en faveur de la libéralisation de certaines drogues… » Le communiqué précisant que face aux campagnes d’Addictions France, « sa radicalisation est d’autant plus choquante qu’elle s’accompagne d’un discours beaucoup plus accommodant à l’égard des drogues illicites et demandant leur libéralisation, tandis que le vin, produit licite, contrôlé et constitutif du patrimoine culturel français, est présenté comme un problème en soi. »
Fondée en 1872 sous le nom d’association française contre l’abus des boissons alcooliques* et reconnue d’utilité publique depuis 1880, Addictions France dispose d’un budget de 141,1 millions € dont 120,3 millions € de financements publics en 2024 (en dotations globale de financement médico-social et subventions, stable par rapport à 2023). Ce qui accentue le paradoxe pour Vin & Société : « l’État, qui finance largement Addictions France, a pourtant une stratégie claire : promouvoir la modération, la responsabilisation et cibler les excès, comme le rappelle le message sanitaire obligatoire ("l’abus d’alcool est dangereux pour la santé"). À aucun moment l’association n’a été mandatée pour stigmatiser la consommation modérée de vin, ni pour dégrader l’image d’une filière ancrée dans la culture française. »
Mettant les pieds dans le plat, Vin & Société estime que « la légitimité d’Addictions France n’exonère en rien l’association de rendre des comptes sur la gestion de ses fonds mais aussi sur l’efficacité réelle et la cohérence de ses actions ». Si « nous saluons le travail de prévention des risques et l’accompagnement de terrain des personnes dépendantes », pour les représentants de la filière vin « nous déplorons en revanche qu’une structure financée par l’argent public s’autorise à sortir de son rôle pour stigmatiser une filière agricole et culturelle ».
* : L’association est devenue en 1905 la Ligue nationale contre l’alcoolisme pour « inciter à la tempérance » et non « interdire la consommation d’alcool » comme le rapporte l’association elle-même. Elle est renommée en 1950 Comité national de défense contre l’alcoolisme, puis en 1989 l'Association nationale de prévention de l’alcoolisme (avant la loi Evin de 1991 lui permettant des actions en justice) et en 2002 Association nationale de prévention en alcoologie addictologie (ANPAA) avant de devenir Addictions France en 2021.




