e l’art du négoce à l’adresse de la diplomatie et aux subtilités du lobbying. La Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS) et de l'Union des Maisons et Marques de Vin (UMVIN) se dotent d’une directrice générale quoi doit donner un nouveau poids politique au négociants français. La cuisante déception des négociations entre Bruxelles et Washington sur les taxes dites Trump restant en travers de la gorge de la filière vin, ses demandes d’exemption étant restées lettres mortes auprès de la Commission européenne. Prenant ses fonctions ce 3 novembre, Laetitia de La Maisonneuve est définie par un communiqué comme une « spécialiste des affaires publiques » qui permettra à la FEVS et à l’UMVIN de « monter en puissance auprès des instances européennes, déterminantes pour l’avenir du secteur ».
D’où le recrutement d’une experte en influence politique pour remplacer un expert plus technique. Laetitia de La Maisonneuve incarne un nouveau profil pour le pilotage des bras armés nationaux du négoce en prenant la succession de Nicolas Ozanam, délégué général depuis 2010 de l’UMVIN et de la FEVS, connaisseur de la filière où il a réalisé sa carrière (ayant animé la Confédération Nationale des Vins AOC, CNAOC, assuré le secrétariat général du Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne, CIVC, et dirigé le Syndicat Général des Vignerons de Champagne, SGV). N’ayant pas d’expérience affirmée de la filière vin, Laetitia de La Maisonneuve s’appuiera sur Nicolas Ozanam pour quelques mois de tuilage et mettra à profit ses compétences des politiques publiques nourries d’allées et venues parlementaires, gouvernementales et privées* où elle a travaillé sur la PAC (Politique Agricole Commune) comme le POSEI (Programme d'Options Spécifiques à l'Éloignement et à l'Insularité).
Stratégie d’influence
Pour le président de la FEVS, Gabriel Picard, « l’arrivée de Laetitia de La Maisonneuve et sa connaissance des arcanes européennes et nationales doit nous permettre d’approfondir le travail réalisé ces dernières années, en faisant reconnaître par les décideurs européens le rôle clé de nos maisons dans la création de valeur et l’économie de notre filière ». Plus direct, le président de la FEVS, Michel Chapoutier, pointe dans le même communiqué que « les pouvoirs publics et la plupart des organisations de la filière raisonnent trop sur la production et pas assez sur les marchés qui, pourtant, sont ceux qui nous rémunèrent tous. Nous devons faire comprendre à nos interlocuteurs le rôle incontournable de nos maisons, tout comme nous avons besoin de nos partenaires amont pour conduire notre activité. »
* : Diplômée d’une maîtrise de droit public et d’un DEA de droit européen, la nouvelle directrice de la FEVS et de l’UMVIN a commencé sa carrière en 1995 à l’Assemblée nationale comme assistante parlementaire du député Claude Girard (Doubs, RPR) puis de Frédéric de Saint-Sernin (Dordogne, UMP) dont elle devient conseillère technique lorsqu’il devient en 2004 secrétaire d’État à l’Aménagement du territoire (gouvernement Jean-Pierre Raffarin). Devenant conseillère technique du premier ministre Dominique de Villepin en 2006, elle redevient en 2007 conseillère parlementaire du sénateur Christian Poncelet (Vosges, UMP) qui préside alors le Sénat. Retournant au gouvernement en 2009 comme cheffe du cabinet de la ministre de l’Outre-Mer, Marie-Luce Penchard (gouvernement François Fillon), elle rejoint en 2012 l’outil de lobbying européen des outre-mer, Eurodom, et lance sa propre activité de conseil (Mai Conseil). Directrice des affaires publiques du syndicat du machinisme agricole (Axema) en 2021, elle revient en 2022 au gouvernement comme cheffe de cabinet de la ministre de la Santé, Agnès Firmin Le Bodo (gouvernement Élisabeth Borne) avant de rejoindre en 2024 la direction des affaires publiques du groupe immobilier Axtom.




