a vendange 2025 devrait être l'une des récoltes les plus faibles en volume de ces dernières années pour les vins de Gaillac. « Selon les premières estimations, nous faisons entre moins 20 et moins 40 % par rapport à une récolte moyenne, avec des différences en fonction des zones. Certains ont perdu plus de 50 % », annonce Cédric Carcenac président de la Maison des Vins de Gaillac, tout en précisant que le potentiel du vignoble est de 350 000 hectolitres. « En volume, on se rapproche des années 2021 et 2003 ».
La campagne n'avait pourtant pas trop mal commencé. Malgré un printemps humide, les vigneronnes et vignerons du Tarn ont maîtrisé les maladies. « En juillet, nous avions une belle sortie. Pas trop de maladie. On était contents », se souvient le vigneron, propriétaire du domaine Carcenac (100 hectares, label Haute Valeur Environnementale). « Nous avons eu de grosses chaleurs à la mi-juin, continue Clara Molinier, vigneronne indépendante du Mas D'Aurel (28 ha en bio). Et en juillet, un temps idéal, pas trop chaud et un peu de pluie ». Puis en août, le Tarn comme d'autres régions viticoles a été victime de la canicule. « Cela a grillé les raisins », décrit Clara Molinier. « La pluie, arrivée en septembre, n'a pas aidé. Elle a plutôt aggravé les choses. Les raisins ont commencé à flétrir », reprend Cédric Carcenac.
Coup d’accélérateur
L'humidité a poussé les vignerons à vendanger plus vite pour éviter la pourriture. « Pour certains cépages, on avait à peine atteint la maturité. Mais il valait mieux ne pas attendre », confirme Clara Molinier qui a seulement récolté l'équivalent de 550 hectolitres cette année, soit à peine la moitié des besoins de la structure. Si les quantités manquent, les vignerons sont toutefois satisfaits de la qualité. « Il y a de belles couleurs, de belles acidités », décrit Cédric Carcenac. « Au chai tout s'est bien passé. Toutes les fermentations alcooliques et malolactiques se sont déroulées sans difficulté, sur toutes les couleurs », précise le 21 octobre, Clara Molinier.
La vigneronne estime que pour la prochaine campagne, il va falloir davantage aider ses vignes qui ont subi plusieurs aléas consécutifs. « Cette année on a semé les couverts végétaux et je réfléchis à l'achat de fumier », confie-t-elle, soucieuse cependant du prix de ces engrais. Dans un contexte à la fois inflationniste et de baisse des ventes, le domaine est à flux tendu.
Et Cédric Carcenac de rappeler la situation difficile dans laquelle se trouve les vigneronnes et vignerons du Tarn. « En 2023, on avait estimé qu'un tiers se trouvait dans le vert, un tiers dans l’orange et un tiers dans le rouge. Aujourd'hui, la situation s'est aggravée. Il en reste très peu dans le vert. Ceux qui étaient dans l’orange sont dans le rouge, et ceux qui étaient dans le rouge ne sont plus là ». Malgré la bonne qualité de la vendange 2025, « on ne pourra pas bien la valoriser car les millésimes 2023 et 2024, en surstock, pèsent sur le marché », pointe-t-il.
Le président de la Maison des Vins de Gaillac demande des solutions pour répondre à une crise « structurelle » et non « conjoncturelle », insiste-t-il, tout en rappelant que le marché du vin national est toujours excédentaire. Plutôt qu'un plan, « à la va vite », tacle le vigneron du domaine Carcenac, « il faut un plan sur plusieurs années, entre 8 et 10 ans, avec deux options, l'arrachage définitif ou temporaire. Il faut laisser le temps aux entreprises de se réadapter au marché et de choisir quel cépage replanter, quel mode de culture favoriser ». À la suite du plan d'arrachage national, un peu moins de 1 000 ha ont été retirés sur le gaillacois. L'Organisme de Défense et de Gestion estime que début 2026, le vignoble devrait rassembler entre 5 000 et 5 500 hectares.




