otre objectif n’est pas de faire une révolution mais d’assurer une évolution du Grand cercle des Vins de Bordeaux. Concrètement ?
Philippe de Poyferré : Nous devons changer, car les attentes des propriétés ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui l’heure n’est plus à l’image mais à l’aide à la vente. Nous le faisons au travers du salon Wine Paris avec un stand mutualisé. De même, fin janvier, trois acheteurs par pays (Angleterre, Allemagne, Belgique, Luxembourg et Pologne) issu de la Grande Distribution (GD), des chaines d’hôtels, de cavistes vont rencontrer les propriétaires. Un speed-dating. En fait, ma démarche consiste à capter l’intérêt des acheteurs et à aider à la commercialisation. Je projette de faire venir des sommeliers pour les faire déguster et découvrir les propriétés. Ce projet devrait être opérationnel au deuxième semestre 2026.
Je souhaite également mettre en place des dégustations spécialisées pour les critiques. Le Grand Cercle, avec ses 116 membres et ses 26 AOC, propose les meilleurs vins dans chaque AOC. Je suis également en contact avec des médias, une vingtaine de titres français et internationaux, pour leur proposer de rencontrer telle ou telle propriété en fonction des thématiques qu’ils souhaitent développer. Cela n’a jamais été fait avant. C’est en période de crise qu’il faut communiquer.
Certains estiment qu’à Bordeaux, on a trop misé sur l’export, et sur le négoce pour commercialiser. Partagez-vous cette approche ?
Totalement. On a négligé un certain nombre de marchés, préférant se tourner vers la Chine. L’appétence pour le grand export vient peut-être de la chasse aux subventions. J’observe que l’on ne s’occupe pas assez du marché français. Et je dirais même que l’on ne sait plus vendre. Les négociants ne font pas de la vente. Ils fournissent un catalogue et l’importateur pioche dedans. De même, ce qui me choque, c’est que pour le négoce, la marque, c’est l’AOC. C’est une erreur. Je pense également que le négoce a délaissé les petits bordeaux.
On a souvent dit que Bordeaux était incapable de jouer collectif. Adhérez-vous à cette vision ?
Ce que je sais, c’est que l’union fait la force. La solidarité est une demande de nos adhérents. Faisons taire les égoïsmes. Je vais me rapprocher du syndicat de Saint Emilion pour tenter de mettre en place des achats en commun (matières sèches), au travers d’une personne qui pourrait négocier les achats pour nos deux structures. J’ai également l’intention de me rapprocher du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), notamment avec son service marketing.
Bien sûr que c’est aux jeunes de prendre la relève, plutôt que de voir toujours les mêmes qui s’échangent les postes. Je me donne quatre ans puis je passerai la main.