n attendant des nouvelles de la mise en vente des champagnes Mumm par Pernod Ricard (qui continue d’investir sur Cordon Rouge avec une refonte de gamme), un communiqué laconique annonce ce mercredi 24 septembre que « Vranken-Pommery Monopole est entré en négociation exclusive avec Lanson-BCC, agissant pour le compte de sa filiale maison Burtin, en vue de la cession des titres de la société Heidsieck & Co Monopole (propriétaire de la marque éponyme) ». Le protocole de vente doit être signé entre le n°2 (derrière LVMH) et le n°4 (derrière Laurent-Perrier) des champagnes ce mercredi premier octobre, « sous conditions suspensives de l’accord des conseils d’administration des deux maisons ».
Approuvé le 5 juin dernier en assemblée générale de Vranken-Pommery, le principe de la vente à 100 % des champagnes Heidsieck & co Monopole s’inscrit « dans le cadre de la stratégie de désendettement de la société et du groupe » pour générer 5 à 7 millions € de « gain annuel à venir sur les frais financiers » après une cession de la marque et de ses stocks « moyennant un prix global compris entre 110 et 150 millions d’euros » soit une « fourchette » à 130 millions € indiquait Vranken-Pommery. Le groupe enregistrant une hausse de 27 % de son endettement ce premier semestre 2025, à 756,2 millions €, quand le chiffre d’affaires semestriel tombait à 109,3 millions € (dont 94,3 millions € pour les champagnes). Pour comparaison, Lanson BCC affiche ce premier semestre un chiffre d’affaire de 92 millions € (+5%) avec un endettement en hausse (8,37 millions €, +15 % avec les crédits de vieillissement).
Premiumisation de Pommery
Avec la cession de Heidsieck & co, Vranken-Pommery va changer de nom en devenant "Maison Pommery & Associés" ce premier janvier 2026 afin d’« incarner sa stratégie de premiumisation qui se concentre sur la valeur ajoutée de Pommery ». Passée de 7 % du chiffre d’affaires du groupe en 2019 à 12 % en 2024, cette dernière maison continue sa progression (les volumes de sa cuvée Louise ayant augmenté de 32 % en cinq années). Pommery célébrera ses 190 ans en 2026 (quand le groupe Vranken fondé par Paul-François Vranken marquera 50 ans). Indiquant céder d’autres « actifs non stratégiques » (comme « la cession de foncier et d’immobilier en Camargue »), Vranken-Pommery conserve 5 marques de champagnes : Vranken, Pommery & Greno, Pompadour, Charles Lafitte et Bissinger & Co.
Tandis que le groupe Lanson-BCC*, « pure player du Champagne » présidé par son fondateur Bruno Paillard en 1991, va passer à 9 maisons champenoises, avec un portefeuille très diversifié dans ses positionnements commerciaux. Le groupe possédant les champagnes Lanson (fondés en 1760 à Reims et acquis par le groupe en 2006, vendus à 85 % à l’export), Philipponnat (fondés en 1910 à Mareuil-sur-Aÿ et acquis en 1997, propriétaires du Clos des Goisses), de Venoge et sa gamme Cordon Bleu (fondés à 1837 à Epernay et acquis en 1998, distribution sélective en France et à l’export), Besserat de Bellefon (fondés à 1843 à Epernay, en restauration et cavistes en France et à l’export), Boizel (fondés en 1834 à Epernay et intégrés en 1994, en vente à distance en France et secteurs traditionnels à l’export), Chanoine Frères et sa cuvée Tsarine (fondés en 1730 à Reims et repris en 1991, en grande distribution et à l’export), domaine Alexandre Bonnet (domaine aux Riceys acquis en 1998, pour le secteur traditionnel) et maison Burtin (fondée en 1933 à Epernay et acquise en 2006, fournisseur de Marques De Distributeurs en GD). Cette dernière devant englober à l’avenir Heidsieck & Co. Plus largement, Lanson BCC annonce poursuivre « sa stratégie de développement de long terme axée sur la qualité et le renforcement de sa présence sur le segment des vins haut de gamme, une orientation essentielle face à la hausse continue du coût du raisin et au poids élevé des financements de stocks ».
* : Pour Boizel Chanoine Champagne.