près quatre années, un sujet explosif guette la filière. Son nom : PestiRiv, l’étude d’exposition aux pesticides chez les riverains de zones viticoles et non-viticoles. Ce lundi 15 septembre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publiera les résultats de cette étude sur la contamination des riverains des vignes par les pesticides. Génération futures et l’association des médecins contre les pesticides réclament ces résultats à cor et à cri depuis le début de l’été, ayant même accusé les autorités publiques de retarder leur publication pour mieux faire voter la loi Duplomb. A n’en pas douter, elles espèrent trouver là matière à alimenter leur combat.
Les responsables de la filière se préparent à affronter cette nouvelle joute médiatique. Mardi 9 septembre Bernard Farges, président du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV), Thiébault Huber, président de l’association des vignerons et des appellations de Bourgogne (CAVB) et Philippe Pellaton, président de l'Interprofession des vins de la vallée du Rhône (Inter Rhône), à distance sur son tracteur, ont répondu à l’invitation de l’association française des journalistes agricoles (Afja) pour parler des enjeux de l’étude PestiRiv.
Bernard Farges l’a reconnu : il s’attend au pire. « Quand on voit la campagne autour de la loi Duplomb, on ne peut que redouter une mise au pilori de la viticulture. Alors, on prépare le terrain. »
Premier argument : « nous sommes les premiers concernés par le sujet car nous avons des salariés qui utilisent des pesticides et que nous en utilisons nous-mêmes, car nos familles et nos voisins qui sont aussi nos amis vivent parmi nous, au milieu des vignes », a rappelé Bernard Farges.
Premiers concernés, les viticulteurs sont aussi les premiers à avoir réduit les risques. « De toutes les filières agricoles c’est la filière vigne qui a le plus évolué ces dix dernières années, a soutenu Thiébault Huber. 20 % du vignoble est en bio et 88 % bénéficie d’une certification environnementale. »
Pour sa part Philippe Pelaton a pris l’exemple de la lutte par insecticides contre la flavescence dorée qui, « de systématique est devenue localisée aux seuls secteurs concernés ». Il a aussi rappelé que plusieurs interprofessions ont lancé des programmes d’obtention de vignes résistantes similaires à leurs variétés traditionnelles. La sienne prépare « un grenache et une syrah résistants, a-t-il expliqué. Ce programme est lancé depuis dix ans. On commence à en voir le bout. »
Dans une moindre mesure, ces trois responsables redoutent également une réactivation des tensions entre les vignerons et les riverains au sujet des traitements. Des tensions qui ne sont plus de mise, à en croire Bernard Farges. « Ce n’est plus un sujet, a-t-il affirmé. On l’a déminé par des réunions de terrain pour expliquer nos pratiques, en prévenant nos voisins par SMS avant de traiter. »
Non contents de vanter leurs pratiques, les trois vignerons ont aussi décoché des flèches vers les firmes et les pouvoirs publics qui n’investissent pas assez à leur goût dans la recherche de nouveaux produits, vers l’Anses qui n’assume pas d’autoriser des produits ne prenant pas la parole pour expliquer et défendre ces autorisations, et vers les consommateurs qui renâclent à acheter bio. « Les 14 millions d’euros sur Pestiriv on aurait mieux fait de les mettre sur la recherche de nouveaux produits », s’est exclamé Thiébault Huber.
Les arguments sont prêts, les discours rodés, reste à espérer que les médias grand public voudront bien les entendre et qu’ils ne se contenteront pas, comme bien souvent, de se faire l’écho des associations environnementalistes.