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ouvelle étape ce 3 septembre pour les accords commerciaux entre l'Union européenne et les pays d’Amérique latine, avec le Mexique (dans une version actualisée) et les cinq pays du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay) : le collège de la Commission européenne vient de valider les négociations achevées en janvier 2025 avec le Mexique et en décembre 2024 avec le Mercosur afin de les transmettre pour approbation par le Conseil et le Parlement européen. Causant de nouvelles levées de bouclier dans le monde agricole, notamment français, l’accord du Mercosur est une évidence pour la Commission Européenne : « les arguments économiques en faveur de l’accord sont évidents » résume en conférence de presse la vice-présidente de la Commission Européenne, Kaja Kallas.
Si Bruxelles prévoit que les secteurs industriels européens bénéficieront le plus de l’accord du Mercosur (avec un accès privilégié pour les véhicules automobiles, produits chimiques, produits pharmaceutiques, équipements électriques…), les vins et spiritueux vont faire tomber leurs droits de douane respectifs de 27 et 35 %. Idem pour le Mexique qui impose des droits de douane aux vins européens. Ce qui accentue le besoin de mettre en œuvre ces accords pour un expert de la Commission, soulignant que « dans le cadre géopolitique actuel plus incertain, il est d’autant plus important pour l’Union Européenne de continuer nos efforts de diversifications des exportations et d’approvisionnement » (comme sur les protéines animales ou des matières premières critiques).
Une vision partagée par Marzia Varvaglione, la présidente du Comité Européen des Entreprises Viticoles (CEEV), qui appelle « le Parlement européen et le Conseil à faire avancer rapidement le processus de ratification afin que les entreprises viticoles et les consommateurs de vin des deux côtés puissent bénéficier sans délai de ces accords historiques ». Le CEEV rapporte que les exportations européennes de vin vers le Brésil viennent de dépasser 200 millions €, quand celles vers le Mexique sont à peine inférieures (198 millions €) : « ces deux pays représentant des marchés dynamiques avec un fort potentiel de croissance ». La Commission indique que l’Europe a expédié 502 millions € de vins, bières et spiritueux vers le Mercosur en 2024. On y indique que les pays d’Amérique latine ont des liens culturels forts avec l’Europe, comme une forte population italienne dans le Mercosur pouvant accentuer la demande de produits européens.
Opération déminage agricole
Concernant 700 millions de personnes sur deux continents, la zone de libre-échange Mercosur-Europe « est un accord sans précédent dont les bénéfices seront majeurs pour nos économies » souligne en conférence de presse Maro? ?efčovič, le commissaire européen au Commerce, pour qui les négociations durent maintenant depuis trop longtemps (ayant démarré en 1999). Envoyant des messages rassurants pour les agriculteurs (et les pays opposants comme la France et la Pologne), Maros Sefcovic évoque « un nouvel accord (différent de celui de 2019) pour qu’il soit profitable » avec des « quotas calibrés et négociés », de nouvelles mesures de sauvegarde unilatérales (déclenchées dès qu’il y a +10 % d’importations ou -10 % sur les prix) et 6 milliards d’euros de filet de sécurité (pour compenser des pertes d’activité potentielles).
Avec ces éléments, « nous ne considérons pas que les filières agricoles vont être fragilisées. Au contraire, elles vont être probablement parmi les industries européennes qui vont bénéficier le plus d’une augmentation des possibilités d’exportation vers le Mercosur » estime la source précitée à la Commission, martelant qu’à Bruxelles « nous considérons que l’accord avec le Mercosur va permettre à nos agriculteurs d’augmenter leurs exportations dans de nombreuses filières, notamment les fromages, les produits laitiers, les vins et spiritueux, etc. »
Calendrier
Présentant un engagement politique, la Commission estime avoir répondu aux inquiétudes des opposants à l’accord du Mercosur pour avancer rapidement. « On espère l’approbation du Mercosur bouclée d’ici la fin d’année, pareil pour le Mexique » indique Maros Sefcovic. Juridiquement, Bruxelles a scindé le texte en deux parties : un accord commercial intérimaire à valider d’ici la fin 2025 puis un accord commercial global à adopter dans un second temps. L’accord commercial intérimaire pourrait rentrer en vigueur dès le dernier trimestre 2026 imagine-t-on à la Commission, où l’on note une alignement des planètes politique (la présidence tournante de l’Europe étant assurée par le Danemark, favorable à l’accord du Mercosur, tandis que le Brésil est très demandeur).
