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"Nourrir la vigne ne peut se résumer à l'apport d'un engrais NPK", la fertilisation organique garde la cote malgré la crise
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Témoignages
"Nourrir la vigne ne peut se résumer à l'apport d'un engrais NPK", la fertilisation organique garde la cote malgré la crise

Malgré la nécessité de réduire les coûts de production, la fertilisation organique garde la faveur de nombreux vignerons qui la considère comme plus respectueuse de leurs sols et de leurs vignes à long terme.
Par Ingrid Proust Le 17 décembre 2025
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Guillaume Gigou, vigneron à Ruillé-sur-Loir (Sarthe) revient à la fertilisation organique - crédit photo : DR
«

 La vigne, c’est notre outil de production. Je suis coopérateur, je dois faire du volume », rapporte Olivier Peril, viticulteur à Cazouls-lès-Béziers (Hérault). Adhérant aux Vignerons du Pays d’Ensérune, il doit également suivre les engagements de sa coopérative : « Nous sommes en HVE, explique-t-il. Pour respecter le nouveau référentiel qui incite à utiliser de l’azote organique, j’apporte environ 500 kg/ha/an d’un engrais organo-minéral, soit 45 unités d’azote, 10 de phosphore et 60 de potassium, sur la plupart de mes parcelles. »

"Certains vont faire l'impasse"

Mais s’il ne tenait qu’à lui, il aurait recours à la fertilisation minérale sur l’essentiel de son vignoble. « La conjoncture est difficile. Or, l’engrais organo-minéral, c’est plus cher que l’engrais minéral et ça ne donne pas aux vignes cet effet coup de fouet qu’on obtient avec 40 à 50 U d’azote minéral pour seulement 200 €/ha. » Et d’ajouter : « Certains collègues vont même jusqu’à faire l’impasse sur la fertilisation en 2026. »

Pour maîtriser ses coûts et sécuriser ses rendements, Olivier Peril pratique également la fertilisation foliaire. Ses différents apports portent leurs fruits : « Mes vignes ont donné 83 hl/ha cette année malgré la chaleur et la sécheresse », indique-t-il.

À Saint-Germain-la-Rivière, en Gironde, Mélanie Raffier, viticultrice à la cave des Vignerons de Tutiac, cherche, elle aussi, à limiter ses coûts tout en assurant la qualité et la quantité de ses raisins. Mais elle emprunte un autre chemin : « Je participe à un programme de régénération des sols avec les techniciens de la cave. Je sème des engrais verts et je prépare des biofertilisants et des tisanes de compost. L’apport de matière organique, d’oligo-éléments et d’acides aminés est essentiel pour la pérennité du vignoble. Mais vu les faibles prix du vin, je dois faire attention à mes coûts. »

Cette nécessité a poussé Mélanie Raffier à conduire un essai de fertilisation azotée minérale sur une parcelle peu vigoureuse. « Après le débourrement, j’ai enfoui de l’urée en granulés pour apporter une trentaine d’unités d’azote afin de donner un coup de fouet à la vigne au moment où elle en a le plus besoin. Cela m’a coûté une cinquantaine d’euros par hectare. J’ai été contente du résultat », déclare-t-elle sans préciser le rendement.

"La fertilisation minérale : une perfusion"

Elle décidera après la taille si elle renouvellera cet apport qui ne l’enchante pas. « La fertilisation minérale est une perfusion pour la vigne. Elle abîme le sol, elle est agressive pour le pH, les micro-organismes, les champignons », tranche-t-elle. Alors, même si cela lui coûte plus cher, elle veut continuer à apporter des engrais organiques pour « privilégier la vie des sols et le bien-être des vignes ».

Adrien Godeau, vigneron à Civray-de-Touraine (Indre-et-Loire), partage aussi cette réserve sur la fertilisation minérale : « Nourrir la vigne ne peut se résumer à apporter un engrais NPK. Ce type d’engrais est un cacheton pour une correction ponctuelle. Pour moi, la fertilisation à long terme doit être organique ou organo-minérale. »

Vigneron à Teuillac (Gironde), Lucas Pauvif juge également que la fertilisation minérale n’a qu’un intérêt limité : « Elle n’apporte qu’un bénéfice de courte durée si bien qu’il faut renouveler les apports chaque année. » Il estime en outre qu’elle est plus « onéreuse, au niveau de l’unité d’azote, qu’un compost ». Il a ainsi renforcé cet automne la fertilisation organique avec du compost de champignonnière pour un coût qu’il estime entre 300 et 500 €/ha selon les volumes apportés.

Préverver le taux de matière organique du sol

Guillaume Gigou, vigneron à Ruillé-sur-Loir (Sarthe), lui, revient à la fertilisation organique. « Pendant cinq ans, j’ai apporté des engrais minéraux sur des terres que j’ai reprises et dont les analyses montraient qu’elles avaient assez de matière organique. Mais, aujourd’hui, il me faut entretenir leur teneur en matière organique qui est bonne, mais que je veux préserver. » L’an dernier, il a apporté Bochevo – un fertilisant issu du compostage de fumier de volaille, de cheval et de bovin –, à des jeunes plants. Satisfait du résultat obtenu, il renouvelle l’opération cette année sur le reste de son vignoble, même si cela lui coûte plus cher. Son œnologue lui a assuré qu’il s’y retrouvera sur le long terme. 

Pas de retour massif aux engrais chimiques

En dépit du contexte économique, beaucoup de vignerons restent fidèles à la fertilisation organique. « Nous ne constatons pas de retour massif vers les engrais chimiques, y compris dans le Bordelais, observe Richard Vanrenterghem, de RVS Consultants Viticoles, basé en Gironde. Certains vignerons apportent de l’engrais minéral seulement sur des vignes qu’ils n’ont pas l’intention de garder et choisissent un engrais organique pour le reste de leur surface. S’ils rencontrent des difficultés financières, nous leur conseillons de l’ammonitrate ou de l’urée. On divise ainsi par quatre ou cinq le coût de l’unité d’azote par rapport à un amendement. » Dans le Sud, les engrais minéraux ne font pas non plus leur retour, indique ce distributeur installé dans l’Hérault : « Le prix des engrais minéraux a augmenté ces dernières années. Les vignerons qui veulent continuer la fertilisation organique se tournent vers les composts de déchets verts ou des boues urbaines en vue de réduire leurs coûts. »

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