é en 1900 de la nécessité de faire réparer un moteur à l’heure des premières automobiles, le Guide Michelin a évolué vers l’hébergement et la restauration, quand il fallait attendre que le mécanicien fasse redémarrer la voiture… Aujourd’hui que le vin a pris une place primordiale – et lucrative - dans la restauration, on s’attendait à une révolution, comme l’équivalent d’un "bib gourmand" pour les bouteilles de qualité à un prix abordable. Mais la nouveauté n’est pas conçue pour enrichir l’offre du guide des hôtels et restaurants. Le vin est ciblé seul dans ce nouveau concurrent des guides de la Revue du Vin de France ou de Bettane & Desseauve. L’ambition est la même, une sélection et un classement des meilleurs domaines viticoles, région par région. La différence est qu’il est uniquement digital et s’ouvrira progressivement aux vignobles du monde entier.
Comme pour les tables étoilées et les hôtels (récompensés par des clefs depuis 2024), la hiérarchie est immuable, une, deux, trois grappes, sans oublier que le seul fait d’être dans la sélection est déjà une récompense. Il ne s’agit pas d’une sélection de vins, mais de domaines, faite collégialement selon cinq critères, la qualité de l’agronomie, la maitrise technique en cave, l’identité et la personnalité du domaine, l’équilibre des vins et la régularité qualitative de la production. Les inspecteurs sont « tous professionnels et salariés du groupe Michelin, anciens sommeliers, critiques spécialisés ou experts de la production, dotés d’une expérience concrète et approfondie du monde viticole » indique le communiqué. On se demande un peu comment une telle équipe a pu être constituée et financée, mais Gwendal Poullennec rappelle que le Guide Michelin a acquis le guide Robert Parker Wine Advocate en 2016. Il revendique ainsi neuf ans de travail depuis cette acquisition, en plus des 38 années de Robert Parker et 500 000 notes d’archives. Quant à la définition des domaines viticoles ciblés, elle demeure relativement vague, puisque d’après le communiqué, le classement récompensera « non seulement les domaines, mais surtout les professionnels qui les font vivre : vignerons, coopératives, associations, maisons-mères… »
Un autre doute demeure, pourquoi le guide Michelin a choisi de clore sa conférence de presse en l’honneur du vin et de l’oenotourisme, sans servir le moindre vin pour accompagner les dix bouchées raffinées du cocktail ? Les trois boissons aromatiques colorées sans alcool servies n’ont pas semblé conquérir les professionnels invités.




