ne semaine après l’annonce ministérielle du plan de sortie de crise viticole au Sitevi, la pression ne retombe pas pour sa mise en œuvre. Ce 2 décembre à l’Assemblée nationale, deux questions au gouvernement portaient sur les difficultés de la filière vin. Sur le sujet de la reconduction et de la révision des prêts de restructuration de la dette, le député David Taupiac (Gers, Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) souligne que dans le vignoble « les trésoreries sont au plus bas, il y a urgence. Les prêts doivent être opérationnels au plus tard en janvier » alors qu’il y a d’importantes évolutions à apporter, notamment « deux critères d’obtention sont particulièrement problématiques parce qu’ils ne permettent pas de prendre en considération la situation très critique des viticulteurs : le ratio excédent brut d’exploitation sur chiffre d’affaires et la consommation des fonds propres. »
Ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, lui répond en confirmant « la prorogation en 2026 des prêts structurels, destinés aux viticulteurs, mais aussi à l’ensemble des agriculteurs, et vous avez raison de dire que les critères pour en bénéficier sont des éléments bloquants qu’il va falloir lever, ce à quoi je me suis engagée. De même, je me suis engagée à ce que les caves coopératives puissent accéder à ces prêts structurels, selon des modalités que nous vous présenterons à l’occasion d’une future réunion. » Pour accentuer le caractère urgent, David Taupiac souligne qu’« en 2024, dans le Gers, les viticulteurs ont connu une perte de 30 000 euros par exploitation – de 75 hectares en moyenne. Les difficultés sont là depuis plusieurs années. Ils ne tiendront pas beaucoup plus longtemps. »
Portée par le député Christophe Barthès (Aude, Rassemblement National), la deuxième question porte sur l’aide à l’arrachage de 130 millions d’euros annoncée par la ministre. « Je salue cette réponse rapide, mais permettez-moi d’exprimer au nom des viticulteurs audois une inquiétude légitime. Cette aide doit être inscrite dans le projet de loi de finances. Or, dans le climat politique actuel, le risque d’un rejet pur et simple du budget est réel. Si cela devait arriver, ces 130 millions d’euros s’envoleraient » indique le député languedocien, qui demande à Annie Genevard « concrètement, comptez-vous garantir que ces crédits seront bien versés, même en cas de rejet du budget ? Quelles voies alternatives avez-vous prévues ? Un décret ? Un fonds d’urgence spécifique ? Les viticulteurs ont besoin de certitudes, non d’espérances ! »
« Vous vous inquiétez du sort des 130 millions d’aide que j’ai annoncés au Sitevi et qui ont pour objet de réduire le potentiel de production, excédentaire, de la vigne française » reprend la ministre, Annie Genevard se faisant plus incisive : « vous vous préoccupez de savoir si cet argent sera effectivement disponible au cas où le budget ne serait pas adopté ? Mais, monsieur le député, votez le budget ! Je sais ce qu’il en a coûté à l’agriculture de voir le budget rejeté l’an dernier : elle y a beaucoup perdu. Il vous appartient d’éviter que cela ne se reproduise. » Une saillie qui a recueilli les applaudissements du bloc central (Droite Républicaine, Ensemble Pour la République, Horizons et Modem). Mais qui n’a pas de quoi rassurer le vignoble…




