on moyen de se rapprocher de prix rémunérateurs pour les uns, outil boiteux pour les autres. Les accords de durabilité pris par Inter Oc établissant des prix d’équilibre (couvrant les coûts de production) et des prix d’orientation (assurant la pérennité des exploitations) pour six cépages, divisent les producteurs.
Pour Cyril Payon, de la Cave de l’Ormarine, à Pinet dans l’Hérault, qui a lui-même participé aux discussions sur les prix d’orientation des vins bio, l’initiative va dans le bon sens. « Il y a des acheteurs qui achètent moins cher que le prix d’équilibre et qui négocient encore à la baisse. Ces prix, qui ne sont qu’indicatifs, devraient leur permettre d’ouvrir les yeux », argumente le directeur de cette coopérative, dont 77 % de la production est concernée par les accords. Cyril Payon observe que, si les prix du marché pour le chardonnay et le sauvignon se rapprochent des prix d’orientation, ce n’est pas le cas pour les rouges et les rosés qui se vendent sous les prix d’équilibre. Pour autant, il ne s’attend pas à ce que les acheteurs s’alignent rapidement. Mais, au moins, ils sauront que des propositions de prix trop basses menacent la filière. De quoi, peut-être, les encourager à reconsidérer leur offre.
À Quarante dans l’Hérault, Benoît Gombert, propriétaire du Domaine de Saliès, 43 ha en HVE, estime que les prix fixés par l’interprofession sont cohérents avec ses coûts. Il compte bien s’en servir. « Mais les négociants vont-ils en tenir compte ? », se demande ce vigneron, qui vend deux tiers de sa production d’IGP Pays d’Oc en vrac.
En revanche, pour Henri Cases, propriétaire du Domaine Saint-Martin, à Leuc dans l’Aude, 140 ha en HVE, le compte n’y est pas. « Le prix d’équilibre du cabernet-sauvignon est à 93 €/hl. Or je dois le vendre au minimum 120 €/hl pour couvrir mes frais, fait-il observer. Le problème c’est la base de calcul. J’imagine qu’Inter Oc s’est basé sur un rendement moyen de 80 hl/ha. Or, dans mon secteur, on est tous entre 30 et 55 hl/ha. » Reste un intérêt, tempère-t-il : « Cela va permettre d’éviter des ventes à 50 ou 60 €/hl. »
Plutôt que des tunnels de prix, Henri Cases aurait préféré des prix basés sur les rendements comme Inter Oc en a fixés pour les vins bio. En effet, les accords de durabilité établissent des prix d’équilibre et d’orientation en bio pour trois niveaux de rendement : 45, 55 et 75 hl/ha.
Cet autre calcul ne convainc pas Marc Benin, propriétaire du Domaine de Ravanès, 23 ha en bio à Thézan-lès- Béziers dans l’Hérault. À ses yeux, l’argument ne sera pas entendu par les acheteurs. « C’est le profil du vin qui fait le prix, non le rendement », estime ce producteur, qui vend tout son Pays d’Oc bio en vrac, soit la moitié de sa production. Et, s’il est vrai qu’on peut faire un meilleur vin rouge à 45 hl/ha qu’à 75 hl/ha, ce n’est pas le cas des blancs et des rosés qui sont adéquation avec la demande du marché à 75 hl/ha. Malgré cela, Marc Benin voit une utilité à ces accords. « Nous avons de grandes difficultés à vendre le rouge au prix du bio, insiste-t-il. Cet outil va donc quand même dans le bon sens. »
Mi-novembre Inter Oc a publié les prix d’orientation et ceux d’équilibre pour six cépages en HVE et en bio. En HVE, le prix d’orientation, celui qui couvre les coûts de production, est fixé 89 €/hl pour le merlot, 93 €/hl pour le cabernet-sauvignon, 114 €/hl pour le chardonnay, 104 €/hl pour le sauvignon et 88 €/hl pour le grenache et pour le cinsault. En bio, les choses sont plus compliquées car les prix dépendent des rendements. Ainsi, pour le merlot rouge, le prix d’équilibre est fixé à 185 €/hl pour 45 hl/ha et à 121 €/hl pour 75 hl/ha.


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