es « sans lui, il n’y aurait pas de grenades en France », ou « le gourou de la grenade française » qui fusent de la part des passants : force est de constater que réaliser un entretien avec Thomas Saleilles dans les allées du salon Sitevi ne laisse pas indifférent les visiteurs qui connaissent l’homme. Aujourd’hui à la tête du syndicat France Grenade (fondé en 2023), le viticulteur installé avec 36 ha de vignes et 23 ha de grenadiers à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, est en effet considéré comme un pionnier de la culture du grenadier en France. Attentif aux questions d’évolution du climat, il a planté son premier hectare de grenadiers au tournant des années 2010-2011, « souhaitant réfléchir à la diversification et d’autres possibilités que la seule culture de la vigne », retrace-t-il.
Il trouve à l’époque ses pieds en Espagne, « mais sans avoir d’information de la part des fournisseurs sur les variétés, qu’ils ne connaissaient pas spécialement », explique-t-il. Quand il se lance, Thomas Saleilles sait juste « qu’il existe un marché de jus de grenades importé, distribué dans les magasins bio ». Bricoleur dans l’âme, il s’attelle donc rapidement à tester du matériel pour produire du jus issu des grenades qu’il commence à récolter. « Je le vends très facilement à de la clientèle de passage et décide donc d’agrandir la surface de production, développant par la même occasion mes plants pour maîtriser les variétés qui m’intéressent », explique Thomas Saleilles. C’est ainsi qu’il se mue rapidement en pépiniériste en travaillant sur les variétés puis la vente de plants. Il dispose aujourd’hui de 2 ha dédiés à cette activité de pépiniériste.
Résistante aux maladies, avec des besoins en eau moindre que les autres vergers, 90% de la culture du grenadier des vergers actuels est conduite en bio. « Le grenadier produit à partir de la 3ème année et atteint sa pleine production à 6 ans, avec pour l’heure quasiment pas de limite d’âge puisqu’on observe des grenadiers continuer à produire avec régularité après plusieurs décennies », situe Thomas Saleilles, qui ajoute que l’irrigation n’est pas indispensable et à ajuster en fonction de la profondeur des sols. « On ne la conseille que pour des grenadiers plantés sur des sols peu profonds ».
Aujourd’hui, il apporte sa production en commun avec une trentaine d’autres producteurs à la coopérative fruitière Uni-Vert, à Saint-Gilles dans le Gard, pour une distribution en fruits frais (récoltés et consommés de mi-septembre à décembre) ou en jus vendus sous plusieurs marques mentionnant l’origine française et bio, un marché situé entre 5 à 7€/litre dans le commerce. « Outre cette facilité culturale, la grenade est considérée comme super-aliment ou alicament pour sa richesse nutritionnelle, permettant une très bonne valorisation », valide Thomas Saleilles, qui préfère réserver les détails chiffrés aux producteurs intéressés par la diversification vers cette filière, mais qui concède que la vigne ne représente plus qu'un tiers de son revenu, contre deux tiers pour la grenade, entre jus et pépinière. Vinaigre, mélasse, sirop, gelée et confiture sont également des débouchés de cette culture. La dynamique de plantation reste pour l’heure récente, mais représenterait déjà environ 500ha distribués dans le sud de la France (surtout Gard, Vaucluse, Drôme, Bouches-du-Rhône et Var, ainsi qu’Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales, Ardèche, Haute-Loire, Rhône et Alpes de Haute-Provence).
La structuration en syndicat (et en marque collective France Grenade) vise donc à diffuser les informations « car notre climat est très adapté à cette culture, mais il n’y a pas de technicien référent », regrette Thomas Saleilles. Enora Jacob assure néanmoins l’animation du syndicat qui compte déjà l’adhésion de 70 des 200 producteurs référencés en France.




