’était la vedette américaine du "Grand Direct des AOC" ce 25 novembre : le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen. Interpelé par la Confédération nationale des producteurs de vins AOC (CNAOC) sur la finalisation du paquet vin, réformant la réglementation communautaire de la filière, le commissaire a répété son soutien à la sortie de crise du vignoble et pointé la mise en place d’autres mesures dans la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Comme le doublement des fonds de réserve agricole passant de 450 à 900 millions d’euros par an. Sachant qu’à la suite des annonces de la ministre de l’Agriculture ces 24 et 25 novembre à Montpellier sur une demande financement européen d’une distillation de crise (l’arrachage étant financé par la France), « je suis en contact permanent avec Annie Genevard sur les solutions que l’on pourrait trouver à court terme, même avant la conclusion du paquet vin, et on parle notamment de la distillation de crise » indique Christophe Hansen, notant qu’« évidemment ce n’est pas une solution structurelle, mais on a encore des réserves dans les 450 millions € que l’on pourrait éventuellement débloquer pour aider le secteur à court terme ».
Répétant son désir de ne pas être le commissaire finançant l’arrachage mais soutenant la commercialisation, Christophe Hansen confirme son cap : « je veux qu'on ouvre de nouvelles opportunités pour nos agriculteurs et nos viticulteurs plutôt que de procéder à de l'arrachage, de détruire du potentiel de production. Je vois beaucoup d'opportunités dans les marchés tiers aussi dans les marchés intérieurs. »
Interpellé par des vignerons AOC sur l’absence de guichet unique en Europe pour le paiement des droits d’accise de boissons alcoolisées envoyées à des particuliers, Christophe Hansen rapporte avoir « déjà poussé ce dossier en tant que député européen [NDLR : du Luxembourg]. Le dossier n’est pas directement lié à mon portefeuille. On pousse très fort pour que ce soit mis en musique » dans le cadre du programme Fiscalis, qui ne communique pas de calendrier. D’autant plus qu’« on rencontre énormément de problèmes avec les Etats Membres et certains égoïsmes qui ont peur que des revenus sur les accises leur échappent » glisse le commissaire, ajoutant que s’« ils sont sur les freins et je peux vous rassurer que je continue à faire pression de ce côté, à l’exécutif, comme avant au Parlement. » En l’état, le marché européen n’a de commun que le nom : « il est plus facile d’exporter deux palettes en Asie que deux cartons en Allemagne pour un Alsacien, pourtant frontalier » regrette Jérôme Bauer, le président de la CNAOC.
Interpelé sur la diplomatie économique pour ouvrir et stabiliser les marchés export par le président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), Gabriel Picard, le commissaire répond qu'il faut repartir aux Etats-Unis à zéro droits de douane pour les vins et spiritueux (« zéro pour zéro tarif concernant les vins et spiritueux devrait être notre ambition »), qu’il faut mettre en œuvre l’accord du Mercosur pour se développer au Brésil (« si nous ne le faisons pas, il y aura bien bien d'autres qui le feront à notre place »), qu’il faut ouvrir le marché de l’Inde (« on veut parler uniquement des secteurs complémentaires. On ne veut pas parler du riz, on ne veut pas parler des bananes, mais on peut parler du vin, on peut parler des mangues. On a bien avancé actuellement. »).
En somme pour Christophe Hansen, « si je parle avec les vins et spiritueux, avec le secteur laitier, avec le secteur des huiles d'olive etc., ils veulent des accords commerciaux et ils en ont besoin pour pouvoir continuer à produire des produits d'excellence et faire aussi de l'argent. Parce qu’après tout c’est ça aussi l'objectif. » Il n’y a plus qu’à passer des paroles aux actes.
* : « Je suis aussi issu d’un pays producteur de vin, le Luxembourg, et je connais très bien la problématique : on fait la promotion pour l’œnotourisme, les touristes viennent et ils ramènent un ou deux cartons : se disent aurais dû en prendre plus. Ça pose des problèmes pour en commander aux vignerons de taille familiale. Il y a beaucoup à faire » relate le commissaire.



