armi le millier de questions et interpellations formulées ce 25 lors du "Grand Direct" de la Confédération Nationale des producteurs de vins AOC (CNAOC), on retrouve « de nombreuses questions, interrogations et surtout colères à propos de la loi Évin qui serait, pour certains, responsable de tous les maux, responsable des -70 % de consommation de vin en France depuis 1960 » indique Raphaël Fattier, le directeur de la CNAOC, rapportant comme questions : afin de voir l'avenir plus sereinement, pourquoi ne pas supprimer la loi Évin, qui a détruit l'image du vin, poussé les consommateurs vers le cannabis et les alcools forts ?" ou "Quand la loi Évin va-t-elle enfin être abrogée ou à défaut être réaménagée ?" ou "Pourquoi l'assouplissement de la loi Évin pour le vin ne constitue pas une priorité nationale de la filière ?".
« La loi Évin on ne va pas se mentir elle est casse-pied, elle est extrêmement complexe d'application » reconnaît Krystel Lepresle, la déléguée générale de Vin & Société, qui ne prend pas la défense de la loi décriée de 1991, mais appelle les membres de la filière la critiquant à bien revenir aux faits passés et aux risques futurs. « Quand on regarde les 30 dernières années avant l'adoption de la loi Évin, entre 1960 et 1990 et ensuite entre 1990 et 2020, et bien la consommation de vin a baissé deux fois plus vite entre les années 1960 et les années 1990 qu'elle n'a baissé après l'adoption de la loi Évin » rapporte Krystel Lepresle, notant qu’« on ne peut pas tout à fait se dire que la loi Évin est responsable de tous nos maux ».
Départs de marché
Autre point pour la représente de Vin & Société, « la bière nous pique des parts de marché depuis 10 ans en France. Elle progresse, mais à ma connaissance la loi Évin s'applique aux bières comme elle s'applique au vin. Il n'y a pas de raison que nous ne puissions pas avoir des progressions de parts de marché là où la bière le fait. Essayons de nous interroger davantage sur nous-même. La complexité de l'univers du vin, je pense qu'elle joue plus que la loi Évin ne joue. La bière c'est facile d’accès, vous ne vous prenez pas la tête » contrairement au vin qui nécessite une « espèce de notice qu'on doit avoir » avec une « internalisation de cette complexité ».
Troisième argument pondérant les remises en cause de la loi Évin : si elle était abolie, quels seraient les premiers opérateurs à financer une campagne massive ? « On peut être à peu près certains que les sommes d'individualité ne bénéficieront pas personnellement de cette abolition » tranche Krystel Lepresle. Les grands groupes de bières et spiritueux ayant un pouvoir de communication bien plus fort que la multitude d’opérateurs de petites et moyennes dimensions.
Déboîte de Pandore
Dernier point, « la loi Évin, c'est énormément d'énergie, ne serait-ce que pour arriver à la maintenir en l'état » rapporte Krystel Lepresle, pour laquelle « on a davantage d'assauts aujourd'hui pour arriver à la rendre plus restrictive. Si vous imaginiez le nombre de propositions parlementaires qui visent demain à restreindre la communication sur les réseaux sociaux » note la lobbyiste de la filière, rapportant que « les parlementaires nous le disent. Si demain nous réouvrons le champ de la loi Évin, nous risquons de le perdre. Attention à bien mesurer ce que l'on peut gagner et ce que l'on peut perdre. »



