crise inédite, méthode inédite et collaborative pour la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC) qui tenait ce mardi 25 novembre un évènement inédit : "le Grand Direct des AOC" (disponible en replay) quin durant quasiment 4 heures d’échanges nourris, s'est construit autour de 1 000 questions exprimées par 600 vignerons AOC sur la gestion de la crise viticole, les stratégies de relance de la consommation, la réduction des contraintes administratives, les possibilités d’innovation dans les appellations… « Le temps des constats est terminé. La méthode change. Les décisions de demain partiront du terrain, des vignerons, de leurs réalités. Cette matinée en est la preuve » pose Jérôme Bauer, le président de la CNAOC, qui prend désormais l’identité de "Maison des Vignerons".
« C'est collectivement qu'on se sortira de la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui » souligne le vigneron alsacien lors de la conférence, prônant la collaboration entre les vignobles pour soutenir la consommation des vins français. « Le nerf de la guerre aujourd'hui, c'est le commerce » souligne Jérôme Bauer, qui propose concrètement de changer la répartition des 270 millions d’euros alimentant annuellement le Plan Stratégique National (PSN) pour les subventions de la filière vin : la restructuration du vignoble, l'investissement, la promotion dans les pays tiers et le marché intérieur, la distillation des sous-produits. Dans l’attribution de ces fonds européens, « on a pris pour habitude d'avoir une répartition qui est souvent restée la même » constate Jérôme Bauer, pour qui « on va devoir opérer des arbitrages budgétaires, parce qu’on a aujourd'hui d'autres possibilités qui nous sont ouvertes ».
Au sein de la CNAOC, « on pense qu'il faut qu'on économise un petit peu et ça sera naturellement sur la restructuration et sur l’investissement au regard de la situation économique rencontrée par nos entreprises aujourd'hui » indique son président, pour qui « il faut qu'on muscle un petit peu nos dispositifs sur promotion interne et promotion pays tiers » alors que « les Italiens investissent aujourd'hui 100 millions d'euros par an dans la communication. Nous, on est à 40 millions. On est vraiment à la ramasse. Il faut qu'on muscle cette enveloppe. Il faut qu'on travaille beaucoup plus sur une bannière vin de France. Il faut qu'on chasse en meute, il faut qu'on travaille collectivement. C'est ce que les Italiens font. »
Président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et du Comité National des Interprofessions des Vins (CNIV), Bernard Farges rapporte que « nous avons réussi depuis un an à faire travailler nos directrices et directeurs marketing des interprofessions sur un projet commun, sur une ambition commune, qui visait à imaginer une campagne partagée pour s'adresser aux jeunes. Cette campagne nationale, elle est sur la table. Ça a été présenté il y a il y a quelques jours à l'assemblée générale du CNIV. Un certain nombre d'interprofessions se sont déjà engagées et nous attendons encore quelques semaines pour avoir le retour des uns et des autres des unes et des autres. »
Le CIVB, l’interprofession des vins de la vallée du Rhône (Inter Rhône), le Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc (CIVL) et le Conseil Interprofessionnel du Vin de Provence (CIVP) ont déjà validé le principe : « d'autres vont arriver et on espère réunir tout le monde. N'est-ce pas Maxime [Toubart, co-président de l’interprofession de Champagne]? Et Thiébault [Huber, président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne] ? » lance Benard Farges, reprenant qu’« on ne va brusquer personne. Il faut juste convaincre tout le monde et se dire que communiquer ensemble sur une petite partie de nos budgets est peut-être une initiative que l'on doit prendre dans la situation dans laquelle nous sommes. Ce sera parler différemment du vin à des consommateurs qui ne nous connaissent pas beaucoup. »
Pour le viticulteur bordelais, « l'ambition est de se mettre ensemble sur l'idée non plus de piquer pour les Bordelais les parts de marché à la Vallée du Rhône ou à la Bourgogne ou inversement, mais plutôt d'aller chercher les consommateurs de bière, ou ceux qui ne consomment pas de vin ».



