our la première fois, Julien Marreau a fait déguster ses cuvées dans un supermarché. C’était lors de la soirée de la foire aux vins du magasin Auchan de Cavaillon, dans le Vaucluse, le 2 septembre dernier. « Pour cette opération, le magasin nous a acheté 900 bouteilles : 300 de rouge, et autant de blanc et de rosé », annonce ce vigneron, qui conduit avec son frère Romain le domaine familial de la Bastidonne, 36 ha dans l’appellation Ventoux, à Cabrières-d’Avignon. « C’est une très belle commande », se réjouit-il.
Depuis deux ans, le vigneron vend ses vins dans trois grandes surfaces locales. Ce circuit absorbe 10 % de sa production, qui avoisine 1 800 hl par an. « Nous vendons l’essentiel de nos vins aux particuliers, complète-t-il. Mais, aujourd’hui, il faut trouver de nouveaux débouchés. »
Sur les conseils d’une amie, il est d’abord entré en contact avec le Super U de Maubec, qui propose des vins de la région. « Par chance, lorsque je m’y suis rendu, le gérant faisait de la mise en rayon, raconte Julien Marreau. Je lui ai proposé de venir déguster nos vins au domaine avec son chef de rayon. Après cela, ils nous ont référencés comme fournisseur local. »
Par la suite, la Bastidonne est entrée au Super U de l’Isle-sur-la-Sorgue. « Ils nous prennent surtout des Ventoux en bib, entre 50 et 60 par semaine cet été, précise le jeune homme. C’est significatif. Ce sont les mêmes vins qu’à la propriété, vendus au même prix de 20 € les cinq litres. Et nous les livrons tous les lundis. »
C’est après cela que le directeur du magasin Auchan de Cavaillon est venu les courtiser. « Il nous a dit vouloir mettre en avant des vignerons locaux. Nous lui avons présenté notre tarif, qu’il a accepté sans discuter », détaille le vigneron. Dans cet hypermarché, la Bastidonne vend cinq cuvées dans les trois couleurs. Ici aussi, les étiquettes et les prix sont les mêmes qu’à la propriété. « Nous ne vendons quasiment pas aux cavistes, et nos vins ne sont présents que chez une poignée de restaurateurs, il n’y a donc pas de conflits avec ces professionnels », précise Julien Marreau.
À Puisseguin, en Gironde, Nicolas Paludetto, propriétaire du Château Cassat, 6 ha en AOC Puisseguin Saint-Émilion, est présent depuis un an dans les rayons du Leclerc de La Teste-de-Buch. « Une amie qui travaille là-bas m’a présenté Olivier Rey, le responsable du rayon, explique-t-il. Il a dégusté mes vins, et ça a matché. C’est un sommelier, il est très professionnel. Je n’ai pas l’impression de travailler avec la grande distribution. Il me passe directement les commandes. Dès qu’il a besoin d’être réapprovisionné, il m’appelle et je le livre. »
L’an dernier, le volume de la transaction a atteint 800 bouteilles, et devrait être identique cette année. Le prix de son unique cuvée, un rouge, affiche 0,50 € de plus dans ce magasin qu’au domaine, soit 13 €. « J’essaie de développer les ventes directes aux particuliers et aux professionnels afin de réduire mes ventes en vrac, détaille Nicolas Paludetto. Je reste ouvert à la grande distribution, si je rencontre une personne qui a la même approche qu’Olivier Rey. » Seul bémol à l’affaire : sa présence en grande surface fait tiquer les cavistes qui ne veulent pas d’une étiquette distribuée dans ce circuit.
Pour l’instant, le domaine de la Bastidonne, dans le Vaucluse, vend les mêmes cuvées en grande surface qu’à la propriété. Mais son propriétaire Julien Marreau réfléchit à créer une cuvée destinée à ce circuit. « Nous vendons un petit pourcentage de notre production en vrac, qui devient de moins en moins rémunérateur, explique-t-il. Nous pourrions réorienter ce volume pour en faire un vin léger, sur le fruit, doté d’une étiquette réservée à la grande distribution. » L’imprimante est prête. Reste à se lancer.


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