n juillet dernier, le comité de pilotage de l’Etablissement Public Territorial de Bassin Charente (EPTB) a validé un plan fosétyl qui vise à réduire les transferts de la matière active dans les eaux du fleuve, notamment sur la zone des captages de Coulonges (Charente) et de Saint-Hippolyte (Charente-Maritime). Parmi les actions qui figurent dans ce plan : la mise en place de haies ou de bandes enherbés pour freiner les ruissellements, le recours à des pulvérisateurs confinés et/ou à des buses antidérive pour réduire la dérive, la réduction des doses de fosétyl… Des actions à prioriser dans les parcelles situées à moins de 50 m des cours d’eau selon les modalités du plan, ce qui représente plus de 2 000 hectares. « Le plan a été co-construit avec l’interprofession, les chambres d’agricultures, les distributeurs… Nous n’imposons rien. Tout est basé sur le volontariat. Chaque viticulteur peut utiliser le levier le plus adapté à sa situation. A lui de le définir avec son conseiller. Encore une fois il n’y a aucune obligation. Et aucune interdiction d’utiliser le fosétyl. Mais l’objectif est que l’on n’en retrouve plus aux captages », explique l’EPTB.
Car ce plan a été élaboré à la demande de l’Etat suite à la détection depuis 2022, et plus particulièrement en 2024 et 2025 de pics de fosétyl-Al à des taux « non conformes » dans l’eau du robinet de l’Agglo de La Rochelle en période de traitement. Des taux légèrement au-dessus des normes de qualité mais largement inférieur à la valeur sanitaire propre à la molécule, l’eau restant parfaitement consommable.
Des détections qui étonnent la profession viticole. « La demi-vie du fosétyl est très courte. Est-ce bien lui que l’on détecte dans les eaux et pas son métabolite ? », s’interroge Xavier Desouche, le premier vice-président de la Chambre d’agriculture de la Charente. Effectivement Bayer, la firme qui commercialise le fosétyl, précise que la matière active est reconnue pour sa très faible persistance dans les sols (durée de demi-vie inférieure à 1 jour) et qu’elle est rapidement dégradée en acide phosphonique, un métabolite commun avec une autre famille de substances phytosanitaires.
La firme ajoute toutefois que « bien qu’ils ne présentent pas de risque sanitaire avéré, ces dépassements de la norme de qualité de l'eau destinée à la consommation humaine soulignent la nécessité d’une gestion plus fine des pratiques phytosanitaires ». Elle précise également que cette situation propre au contexte local ne reflète pas à sa connaissance celle de l'ensemble des vignobles français. Xavier Desouche insiste « Les viticulteurs font au mieux et il ne faut pas les mettre au ban. Le fosétyl est l’un des rares produits qui n’est pas cher alors que l’on est en crise, et pour lequel il n’y a pas de résistance du mildiou. Mais nous allons communiquer auprès d’eux pour leur demander d’en réduire les utilisations. »
Le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) soutient le plan fosétyl pour lequel il a participé à la construction. « Et nous continuons à communiquer sur la nécessité de préserver la ressource en eau », insiste Vincent Lang, le directeur technique et développement durable du BNIC, précisant que l’interprofession est signataire du programme Re-Sources depuis plusieurs années, marquant ainsi l’engagement de la filière dans cette voie. L’enjeu est de taille. Car l’Etat a donné 2 x 3 ans aux parties prenantes pour que les choses s’améliorent.




